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Reviewed by:
  • Les Sorbonne. Figures de l’architecture universitaire à Paris by Christian Hottin
  • Boris Noguès
Christian Hottin Les Sorbonne. Figures de l’architecture universitaire à Paris Paris, Publications de la Sorbonne, 2015, 365 p.

Les histoires de la Sorbonne ne manquent pas, comme le souligne Christian Hottin, même si elles « ont été écrites par des personnes placées aux marges de l’institution universitaire[…], ou occupant une position stable au sein de ces ‘marges de l’intérieur’ que sont les administrations scientifiques et les institutions de conservation » (p. 20) – ce qui désigne assez bien sa propre position de conservateur du patrimoine. Cela a eu pour conséquence, selon lui, une attention presque exclusive portée par ses prédécesseurs au bâtiment envisagé du point de vue de l’histoire de l’art ou, au contraire, un effacement de celui-ci au profit d’une chronique institutionnelle, intellectuelle et politique, telle l’Histoire de l’université de Paris et de la Sorbonne d’André Tuilier (1994). Aussi entend-il traiter plus largement son objet et conjoindre les deux approches, c’est-à-dire [End Page 1047] « comprendre ces bâtiments en tant que résultats de projets d’architectes, bien entendu, mais aussi en tant que dispositifs d’enseignement, pour la transmission et la production des connaissances scientifiques, et encore en tant que représentation politique » (p. 16).

Pour mener à bien ce programme, C. Hottin adopte un plan chronologique en neuf chapitres, de Robert de Sorbon à l’éclatement de l’université de Paris en 1970. Le premier embrasse en une trentaine de pages cinq cents ans d’histoire universitaire. L’étude de la période médiévale s’appuie largement sur les travaux d’Aurélie Perraut et de Denis Gabriel1, dont les hypothèses sur l’influence du modèle canonial dans l’organisation des collèges universitaires sont reprises. La reconstruction du collège par l’architecte Jacques Lemercier, sous l’impulsion de Richelieu (la « deuxième » Sorbonne), est ensuite abordée. Même si ne sont guère évoqués les usages pratiques du bâtiment à cette période ou les théologiens qui ont pu le hanter, ce chapitre introductif permet de mettre en valeur la place singulière qu’occupe la Sorbonne dans l’université de Paris (bien qu’elle n’ait jamais été identifiée par les contemporains à l’université dans son ensemble).

La Révolution, pendant laquelle l’université de Paris disparaît, puis l’Empire constituent la période la plus mal connue de cette histoire. En suivant le destin de la Sorbonne, l’auteur met en lumière différents projets très peu étudiés, avortés à des stades divers, soit de réemploi des bâtiments de la Sorbonne pour des usages nouveaux (École normale puis musée des Artistes), soit d’édification d’un palais universitaire dans l’Ouest de Paris. C’est finalement sous la Restauration, en 1821, que les facultés de théologie, lettres et sciences créées dans le cadre de l’Université impériale de 1808 sont installées dans ce qu’il reste du vénérable collège. Fruit d’une évidente volonté politique de renouer avec l’Ancien Régime, la réunion de ces trois facultés « à la Sorbonne » est ainsi pour la première fois réalisée. Malgré les réaménagements alors menés à bien par l’architecte Jean-Baptiste Guignet, les décennies qui suivent ne sont que plaintes des universitaires sur l’inadaptation de leurs locaux et succession de projets architecturaux sans lendemains.

À la suite de ces trois premiers chapitres, qui font figure de longue mise en perspective préalable, C. Hottin étudie les logiques ayant conduit à la réalisation de ce bâtiment atypique qu’est la nouvelle Sorbonne, qui est bien l’objet principal de l’ouvrage. Il rappelle le rôle clé joué par la « crise allemande de la pensée française » dans la décision en 1881 de lancer les travaux. Il débrouille surtout très efficacement la complexité du programme architectural.

La première difficulté tient au choix d’un bâtiment...

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