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  • Le feu et le lieu. La baronnie de Sévéracle-Château à la fin du Moyen Âge by Juliette Dumasy
  • Maëlle Ramage
Juliette Dumasy Le feu et le lieu. La baronnie de Sévéracle-Château à la fin du Moyen Âge Paris, Éd. du Cths, 2011, 423 p.

L’ouvrage, issu d’une thèse de doctorat, a pour objet l’étude des interactions entre la société de la baronnie rouergate de Sévérac-le-Château et son territoire entre le xiiie et le début du xvie siècle. Juliette Dumasy y questionne les modalités de fonctionnement d’un espace social caractérisé par la dispersion de l’habitat et une économie structurée par l’agriculture et l’élevage. Cet essai d’histoire rurale et des pratiques de l’espace est également une étude d’archéologie documentaire, à partir d’une vue figurée du Sévéragais dessinée en 1504. Au fil des pages, l’auteure nous livre les clés d’une compréhension approfondie de ce document jamais étudié. Son choix de reproduire d’abord la vue dans sa globalité, puis des gros plans des villages, hameaux et édifices, donne le ton de l’ouvrage, dont le propos est éclairé par de nombreux tableaux et cartes. Enfin, les éditions, traduites en annexe, de cinq actes et d’extraits du compoix de Sévérac-le-Château, rédigé au milieu du xve siècle, enrichissent l’analyse.

La vue du Sévéragais a été produite dans le cadre d’un procès qui opposait les localités de la baronnie au sujet de la répartition des fouages au tournant des xve et xvie siècles. Alors que chaque localité cherchait à faire baisser sa participation à l’impôt, la vue devait rendre compte de l’état réel du nombre de feux de chacune et, ainsi, de leurs capacités contributives réelles. Pour ce faire, le védutiste a représenté l’ensemble de la baronnie, les limites des paroisses et près de 750 maisons. En restituant les étapes de production du document, J. Dumasy met en évidence son caractère démonstratif: la vue doit servir de preuve, elle est le résultat d’une construction intellectuelle, alliant une certaine culture de la représentation, l’objectif poursuivi par son commanditaire et les caractéristiques de la baronnie.

Cette vue figurée, dont la fiabilité est confirmée par le recours à d’autres documents contemporains, constitue donc le fil directeur de l’étude [End Page 995] qui chemine depuis les motifs de sa production jusqu’aux rapports économiques et sociaux qui fondent le paysage représenté par le védutiste : la forme de l’habitat et sa répartition, la morphologie des agglomérations et des hameaux, celle des circonscriptions seigneuriales et/ou paroissiales. L’auteure fait ainsi varier l’échelle d’observation depuis le dessin des maisons vers la réalité sociale observée dans sa globalité, soit au niveau de la seigneurie.

Au plus près du document, J. Dumasy analyse les différents types de bâtiments dessinés. La baronnie apparaît divisée en trois grands ensembles : vallée, causse et montagne, dont les nombreuses pâtures sont ouvertes à la circulation du bétail, soulignant la place prépondérante de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie. Résultat de la guerre de Cent Ans, le réseau défensif de la baronnie est extrêmement dense et hiérarchisé : le maillage des forteresses et châteaux est complété par des églises et des maisons fortifiées, ainsi que par des réduits villageois entretenus par les communautés d’habitants. La comparaison avec la documentation sévéragaise de la fin du Moyen Âge apporte à l’étude une dimension chronologique et démontre notamment le renforcement, au cours du xve siècle, de la distinction entre résidences nobles et roturières ainsi que l’évolution des maisons fortifiées.

En desserrant légèrement la focale, les mas apparaissent sur la vue...

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