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  • Autobio-graphismes : Bande dessinée et représentation de soi by Viviane Alary, Danielle Corrado, Benoît Mitaine
  • Anne Cirella-Urrutia
Viviane Alary, Danielle Corrado et Benoît Mitaine (dir.). Autobio-graphismes : Bande dessinée et représentation de soi. Chêne-Bourg, Suisse : Georg Éditeur, L’Équinoxe, 2015. ISBN 978-2-8257-1038-8. Pp. 294. 22.00 €.

Avec ce collectif entièrement rédigé en langue française et dédié à la thématique de l’autobiographie dessinée, les auteurs brossent une cartographie de cette pratique devenue caractéristique de la bande dessinée actuelle aux États-Unis, en Argentine, en France et en Espagne. Dirigé par trois chercheurs de l’université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand) et du Centre Inter-Langues de l’université de Bourgogne, cet ouvrage est le fruit d’un premier colloque qui s’est tenu au début de 2013 en Bourgogne. Avec un avant-propos de Philippe Lejeune, auteur de Le pacte autobiographique (1975) qui salue l’entrée en force de ce genre littéraire dans la bande dessinée, les quinze essais réunis sous-tendent les spécificités de cette pratique. Les réflexions sur la relation graphisme/narration, scénariste/dessinateur (sans négliger les problématiques de la réception et du marché éditorial) et ses multiples formes (écriture de soi, témoignage, reportage, autofiction, formes hybrides) sont abordées au fil des nombreuses ressources de la bande dessinée pour le récit rétrospectif et le témoignage. Née dans les années 1970 aux États-Unis, encore marginale dans les années 80, cette tendance dessinée émerge au tournant des années 90 en Europe. Les quatre essais qui constituent la première partie intitulée « Réflexions sur le genre autobiographique » mettent en lumière son évolution en France et en Espagne par le biais de leur politique éditoriale ; phénomène décrié par deux de ses précurseurs en France dont Jean-Christophe Menu (un des fondateurs de l’Association) et Fabrice Neaud (fondateur des éditions ego comme x). Selon L. Gerbier, le choix de l’autobiographie comme arme anti-générique s’accorde bien avec l’orientation de ces deux éditeurs indépendants et leur « logique de guerre » (34). Très consciente d’elle-même, elle s’est donc façonnée d’un point de vue collectif et éditorial et s’est révélée en cela pleinement structurante avec ses multiples formes et procédés que le spécialiste T. Groensteen aborde dans « Problèmes de l’autoreprésentation » et qu’il salue avec l’œuvre clé Paracuellos [End Page 147] (1977) de l’Espagnol Carlos Giménez (47–61). Ainsi, la démarche autobiographique constitue une des évolutions remarquables du 9e Art passé en quelques décennies d’un genre marginal à un courant majeur de la bande dessinée actuelle. Au renouvellement des champs thématiques et formels de la bande dessinée autobiographique qui participe au renouveau du média, répond la diversification des pratiques et expressions autobiographiques au contact de la bande dessinée. Traditionnellement art du personnage, la bande dessinée force le dessinateur à résoudre des équations qui semblent à priori insolubles et à créer de nouvelles expressions. C’est tout un changement de paradigme que la bande dessinée autobiographique introduit dans l’ordre de la représentation et de la narration avec une prolifique et régulière production de bandes dessinées sur les multiples modalités du récit de soi ou le « moi graphique » dans la deuxième partie intitulée « Contours d’un genre en extension » qui comprend onze essais. L’autoportrait s’hybride avec l’autoreprésentation dans les témoignages confessionnels de Rory Hayes (1949–1983) et de Justin Green (né en 1945) ; l’identité avec l’altérité ; le réel avec la fiction. Les pratiques examinées recouvrent des réalités textuelles et iconographiques souvent complexes et multiformes que B. Mitaine analyse dans les albums espagnols El arte de volar (2009) d’Antonio Altarriba et Un largo silencio (1997) de Miguel et...

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