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  • Eugénie et Mathilde, ou Mémoires de la famille du Comte de Revel by Mme de Souza
  • Laurence Vanoflen (bio)
Eugénie et Mathilde, ou Mémoires de la famille du Comte de Revel par Mme de Souza, éd. Kirsty Carpenter
London: Modern Humanities Research Association, 2014. i+ 228pp. £9.99; US$15.99; €11.99. ISBN 978-1-907322-13-6.

Cette édition du roman d’émigration de Mme de Souza est l’aboutissement des travaux de l’historienne Kirsty Carpenter, qui s’est intéressée à l’exil de l’auteure (Refugees of the French Revolution: Emigrés in London 1789–1802 [1999]), puis a publié une monographie moyennement reçue (The Novels of Madame de Souza in Social and Political Perspective [2007]). Le sérieux du travail se traduit par une bibliographie imposante, non exclusivement anglophone, présentée en notes et en fin d’introduction (22–26). Les entrées reflètent les divers angles d’approche possibles du roman: historique et social d’abord (émigration, Révolution, mémoires contemporains), biographique ensuite (Mme de Souza), puis littéraire, avec l’histoire des « femmes pendant la Révolution », le roman et les « fictions féminines ». Mais même si une réédition figure dans la bibliographie, on s’étonne de manques sur le roman d’émigration, genre dont la diversité et l’étendue ont commencé à être redécouverts autour du volume collectif de C. Jaquier, F. Lotterie, C. Seth, Destins romanesques de l’émigration (Paris: Desjonquères, 2007). Malgré un visible effort de renouvellement critique, l’éclairage donné sur le roman souffre des travers déjà relevés dans sa monographie (Cf. B. Louichon, H-France Review 8 [June 2008]): une insuffisante prise en compte de sa dimension littéraire, (ici, du genre du roman sentimental, reconfiguré par le roman d’émigration), et une référence toujours aussi discutable au « féminisme » de Souza.

La question qui ouvre l’introduction, « To what extent is Madame de Souza writing as an historian? » (2), paraîtra piégée ou naïve à tout littéraire—de même que la dichotomie Histoire/fiction, qui articule l’introduction. Il s’agit pour elle de « montrer l’étroitesse des liens entre ce roman et son histoire de la Révolution Française » (21), mais comment dire ce que cette histoire a de propre sans connaître les codes mobilisés par le genre du roman? La connaissance d’autres romans d’émigration, à peine signalés (p. 6, pour Sénac; p. 18, pour Mme de la Charrière [sic]), aurait été précieuse pour mesurer l’originalité du roman de Souza. L’insistance mise sur le drame des émigrés et le désir de réhabiliter leur image (3) amène l’éditrice à forcer le sens « anti-révolutionnaire » du roman, au lieu de noter la reconfiguration des valeurs et la réforme de la noblesse opérée par l’émigration. La lecture du personnage d’Opalinski me semble également minorer l’idéal libéral dont il est porteur (11), devant sa fraternité avec Edmond en Vendée. Nombre de remarques sont fondées, y compris sur [End Page 618] le contexte d’écriture, et l’esprit de « conciliation et de compromis » de son auteur (13), mais la recherche de parallèles (ou métaphores) semble assez gratuite: entre le nombre des Revel et les dirigeants du Directoire, les trois filles et les trois ordres de la société d’Ancien Régime, etc. On est surpris de voir Mathilde assimilée au Tiers Etat, ou de lire que le refus d’abandonner ses vœux d’Eugénie constitue « a politically brave assertion to the right of an individual to resist laws passed under conditions of duress » (11), « révolutionnaire », après la réduction des femmes à l’impuissance du Code civil napoléonien! Plus prudemment, Carpenter note, chez Souza, l’existence de « multiple political and rights-based messages even if it does not have a hard political line » (17). Aussi surprenante est la tendance à présenter le mariage de Ladislas et Mathilde comme réalisé, et scellant le compromis—alors que...

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