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  • De la genèse de la langue à Internet: variations dans les formes, les modalités et les langues en contact ed. by Michaël Abecassis and Gudrun Ledegen
  • Fabienne Baider
De la genèse de la langue à Internet: variations dans les formes, les modalités et les langues en contact. Sous la direction de Michaël Abecassis et Gudrun Ledegen. (Modern French Identities, 118.) Oxford: Peter Lang, 2015. vi + 272 pp., ill.

Michaël Abecassis et Gudrun Ledegen ont à leur actif trois autres recueils publiés en 2010 et 2013 dans la même collection, le vecteur commun à ces publications étant de rassembler des travaux consacrés à la construction identitaire et à la variation langagière. C’est aussi cette interface identité/langue, contenue dans le sous-titre du livre recensé ici, qui explique de manière holistique l’essence de ce recueil, plutôt que le titre lui-même, qui pourrait laisser entendre une approche diachronique présente surtout dans la stimulante rétrospective de Jean Pruvost sur l’évolution électronique des ouvrages de référence que sont les dictionnaires. La cohérence de l’ouvrage, composé de douze études présentées à un colloque qui a eu lieu à Oxford en 2013, est donc assurée par la présence de la double interrogation suivante: Quelle forme prend la variation de la langue française dans divers contextes sociaux, géographiques, générationnels? Quelle fonction identitaire joue-t-elle dans des contextes plurilingues? Dans les deux premières parties, cette variation est étudiée sous les trois angles classiques en études sociolinguistiques: le paramètre diatopique (axe géographique) qui fait référence ici aux français nonhexagonaux tels que les français d’Afrique, de la Réunion, de la Louisiane ou le contexte algérien; la variable diaphasique (axe de situation de communication) qui se définit ici comme des situations d’échanges sur des réseaux sociaux, ainsi les données composées de textos ou de messages postés sur des fora Internet; le facteur diastratique (axe social) qui se limite surtout au facteur générationnel, puisque les travaux réunis se focalisent en priorité sur les jeunes générations. La troisième partie composée de quatre études, dont deux rédigées en anglais, se focalise sur l’analyse, souvent très fine, de la complexité identitaire au sein du multilinguisme: citons à ce sujet le chapitre d’Asma Chamly-Halwani [End Page 151] consacré à trois auteurs libanais (Amin Maalouf, Salah Stétié, Dominique Eddé), construit sur le concept ‘d’identité-rhizome’ d’Édouard Glissant. Deux études de films récents se basent au contraire sur le concept de ‘passage de frontière’ (‘border-crossing’) et non plus celui de racine, pour explorer la manière dont les migrants appréhendent — dans les deux sens du terme — ce monde étrange et étranger qu’est la France pour les nouveaux venus. Il faut comprendre le concept ‘passage de frontière’ comme étant physique (la France comme pays de transit) et symbolique (l’alternance de code pratiquée par les protagonistes). Ce recueil se présente donc sous forme de panaché utile à la fois aux enseignants ou chercheurs en études culturelles francophones et en sociolinguistique, en particulier si les volumes précédents sont aussi consultés. Ainsi, certains chapitres, comme celui de François Gaudin sur le concept de variante, mettent en place les jalons fondamentaux de la sociolinguistique, alors que des analyses pointues de phénomènes linguistiques — citons les études de la liaison en louisianais (Chantal Lyche), de la créativité lexicale chez les très jeunes enfants (Caroline Rossi) et des patrons syntaxiques dans des français non-hexagonaux (Béatrice Akissi Boutin et Nathalie Rossi-Gensane) — proposent des explications théoriques et méthodologiques transversales prometteuses.

Fabienne Baider
University of Cyprus
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