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Reviewed by:
  • Malaise dans la ville ed. by Sylvie Freyermuth and Jean-François P. Bonnot
  • Eva Pich-Ponce
Malaise dans la ville. Sous la direction de Sylvie Freyermuth et Jean-François P. Bonnot. (Comparatisme et société, 30.) Bruxelles: Peter Lang, 2014. 334 pp., ill.

La thématique du malaise associée à l’espace urbain n’est pas nouvelle. Pourtant, les études réunies dans cet ouvrage par Sylvie Freyermuth et Jean-François Bonnot offrent au lecteur une réflexion approfondie et innovatrice sur les causes du malaise urbain. À travers une approche pluridisciplinaire, ce volume cherche à cerner la relation entre le malaise et la déshumanisation de la ville, la violence, les inégalités sociales, le pouvoir politique et économique, l’individualisme et la culture de l’immédiateté qui caractérisent les sociétés contemporaines. Le malaise en tant que taedium vitae, désarroi, nausée ou mélancolie, a existé à toutes les époques, comme nous le montrent ces analyses qui couvrent des périodes diverses de l’histoire, et qui permettent d’établir des comparaisons significatives avec le concept de malaise dans la culture postmoderne. Le volume considère non seulement la perpétuité du sentiment de malaise dans l’histoire, mais aussi des espaces urbains différents, comme Paris, Phnom Penh, Alger, Manille, Luxembourg, Rome, entre autres. La ville est appréhendée en tant qu’espace réel et en tant que construction subjective ou symbolique. Le malaise, quant à lui, apparaît comme l’expression extérieure d’une sensation subjective ou comme la conséquence d’une violence externe qui est subie par l’individu. Ces études analysent non seulement les origines du malaise mais aussi les attitudes face à celui-ci. Elles montrent, d’un point de vue sociologique, la [End Page 140] relation entre la violence et le pouvoir, et comment la sensation de malaise est souvent exploitée politiquement, grâce aux médias. Certaines études se centrent aussi sur les marges de la ville et sur les exodes (rural et urbain). Elles s’interrogent notamment sur les mouvements de population qui ont lieu dans un monde de plus en plus globalisé où la communication à distance a transformé notre conception de l’espace et de la ville. Les auteurs insistent sur les chocs sociaux, culturels et religieux et sur les limites de l’intégration. Face à la ville réelle et la ville rêvée, un autre concept se dégage: celui de la ville numérisée, du prosocial, qui apparaît dans les jeux vidéo. Ceux-ci présentent des espaces urbains stratégiques, où le joueur doit intervenir pour restaurer l’harmonie d’un monde en crise. Finalement, cet ouvrage considère l’importance du malaise dans le domaine artistique et notamment chez la figure de l’artiste ou de l’écrivain, dont la création se voit parfois conditionnée par la violence urbaine ou par des critères médiatiques et économiques. La richesse de l’ouvrage réside sans aucun doute dans l’approche pluridisciplinaire choisie, qui fait converger des perspectives et des méthodologies différentes. Ces analyses se rejoignent pourtant sur un même constat: la solitude de l’individu contemporain qui se voit submergé dans des espaces urbains où priment l’indifférence d’autrui et les pensées strictement opératoires. L’absence de relations humaines véritables constituerait ainsi l’une des causes de l’aliénation urbaine. Deux extraits de textes de l’écrivaine belge Nicole Malinconi clôturent l’ouvrage et illustrent parfaitement la relation entre le malaise et la déshumanisation des sociétés contemporaines où l’individualisme persiste au détriment de l’empathie et de la solidarité.

Eva Pich-Ponce
Université de Séville
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