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  • Diversité des Lumières dans la pensée grecque: Idées et innovation (xviiie–xixe siècles) by Roxane D. Argyropoulos
  • Henri Tonnet (bio)
Diversité des Lumières dans la pensée grecque: Idées et innovation (xviiie–xixe siècles) par Roxane D. Argyropoulos Paris: Honoré Champion, 2014. 208pp. €40. ISBN 978-2-7453-2623-2.

Les 16 articles qui constituent cette étude de Roxane D. Argyropoulos ont été publiés entre 1974 et 2005. Mais l’ouvrage ne donne aucune impression de dispersion en raison de son unité thématique et méthodologique. Le domaine est celui des Lumières (surtout françaises) dans les écrits théoriques grecs du xviiie siècle au lendemain de l’Indépendance de la Grèce (1830). Le corpus est large mais tourne essentiellement autour d’Adamance Coray et des adeptes des Lumières françaises (Rhigas Vélestinlis, Dimitrios Catargi, Daniel Philippidis, Benjamin de Lesbos, Nicolas Piccolos et d’autres moins connus). Et la méthode est l’approche historique, philosophique et plus largement idéologique de l’école de Constantin Th. Dimaras. La très riche bibliographie des notes de bas de page renvoie abondamment aux études des disciples de Dimaras: Emmanuel Frankiskos, Catherine Koumarianou, Paschalis Kitromilidis, Anna Tabaki. Mais la bibliographie étrangère, française, anglaise et allemande n’est pas moins abondante. Il est manifeste que l’auteur maîtrise entièrement l’important sujet des Lumières en Grèce.

Et l’on peut prendre une idée panoramique des sujets abordés et de la thèse soutenue en lisant l’introduction (7–13) qui pourrait aussi bien servir de résumé de l’ouvrage. Certains sujets sont abordés de façon strictement historique comme la très complète étude sur les « académies »—en fait des universités—de langue grecque. D’autres proposent une synthèse sur la pensée d’un auteur, comme celle qui concerne les conceptions de Coray sur la justice ou les idées pédagogiques de Daniel Philippidis.

L’apport majeur de cette étude concerne, bien sûr, la spécificité de l’approche grecque des Lumières. Un premier point doit être souligné: il s’agit essentiellement des Lumières françaises. Cela s’explique, en partie, par le fait que certains des penseurs grecs de ce temps ont longuement séjourné à Paris, comme Daniel Philippidis qui y fit des études scientifiques, ou même y étaient installés définitivement, comme Nicolas Piccolos et Adamance Coray. Dans cet apport français, les « maîtres à pensée de la Nation » (dhaskali tou yenous) grecque font un choix. Ils préfèrent Voltaire à Rousseau, parce qu’ils croient à la civilisation et à la perfectibilité de l’être humain et se méfient de l’« état de nature ». Très souvent ecclésiastiques, excellents connaisseurs de l’Antiquité et s’exprimant fréquemment en grec ancien les « philosophes » grecs ne [End Page 408] choisissent pas entre les Anciens et les Modernes. Ils veulent concilier la foi et la raison, la philologie classique et la révolution et sont souvent adeptes d’un aristotélisme renouvelé, comme celui que l’on enseignait à l’université de Padoue.

Henri Tonnet
Université Paris–Sorbonne
Henri Tonnet

Henri Tonnet a été le Directeur de l’Institut Néo-hellénique à la Sorbonne; il est professeur émérite à l’Université de Paris–Sorbonne.

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