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Reviewed by:
  • Anthropologie de l’aide humanitaire et du développement. Des pratiques aux savoirs, des savoirs aux pratiques ed. by Laëtitia Atlani-Duault et Laurent Vidal
  • Élise Guillermet
Laëtitia Atlani-Duault et Laurent Vidal (dir.) Anthropologie de l’aide humanitaire et du développement. Des pratiques aux savoirs, des savoirs aux pratiques Paris, Armand Colin, 2009, 311 p.

Cet ouvrage collectif, construit en neuf chapitres, propose de poursuivre la construction d’une anthropologie de l’aide humanitaire et du développement à la fois critique et impliquée. Il s’agit, pour les auteurs, de défendre la complémentarité des deux postures classiquement distinguées, voire opposées, dans la littérature anthropologique internationale ainsi que dans le paysage institutionnel : la démarche critique ou « fondamentale », d’une part, qui de manière caricaturale serait celle des chercheurs et des universitaires, et la démarche impliquée ou « appliquée », d’autre part, qui correspondrait aux productions des consultants sollicités par les promoteurs du changement social que sont les intervenants de l’aide humanitaire et du développement. Après un retour sur l’histoire de cette distinction, exprimée par la différence entre les expressions « development anthropology » et « anthropology of development », l’ensemble du volume s’attache à démontrer ce qu’apporte la primauté du dialogue sur l’opposition.

Le positionnement de cet ouvrage en fait toute l’originalité : regarder toujours de part et d’autre de la frontière qu’il tente d’estomper ou, plus justement, de rendre heuristique. Il propose constamment en écho une réflexion sur la discipline anthropologique et une mise en évidence des savoirs qu’elle produit, relatifs à différents thèmes qui préoccupent les intervenants du développement et de l’aide humanitaire (les réfugiés, le développement rural, l’environnement, l’assainissement, la santé, l’alimentation et la nutrition, et le genre). Ce livre s’adresse autant aux étudiants et aux chercheurs (qu’ils soient universitaires ou consultants) qu’aux acteurs de l’intervention.

Le choix des titres de chapitre rend compte d’une volonté d’afficher explicitement un langage commun posant des termes partagés là où les anthropologues, lorsqu’ils sont contraints au respect des normes académiques, mettent [End Page 806] avant tout en exergue des notions théoriques qui voudraient garantir la rupture épistémologique. Les douze contributeurs affichent ici leur positionnement dans leurs choix de forme comme dans le contenu. Considérés dans leur parcours individuel, ils sont des participants actifs au dialogue proposé en tant que consultants auprès d’organisations non gouvernementales (ong) ou d’agences multilatérales ou bien par leur statut de chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement ou de membres de l’Apad1. La force de ce collectif réside aussi dans la complémentarité des approches exposées. D’abord nourries par des traditions nationales différentes (allemande, américaine, canadienne et française), elles sont également attentives à la production de revues de littérature qui transcendent les barrières linguistiques tout comme l’inscription des compétences par aires géographiques. En d’autres termes, la globalisation de l’anthropologie du développement et de l’aide humanitaire, dans ce qu’elle permet comme renouvellement et enrichissement des postures de recherche, est autant considérée dans cet ouvrage que la globalisation des phénomènes étudiés.

Le sous-titre en miroir est une autre expression de l’écho recherché. Il semble annoncer au moins trois aspects essentiels de la démonstration proposée tout au long de l’ouvrage. Le premier point, « des pratiques aux savoirs », est la valorisation et l’explicitation de la démarche inductive de l’anthropologie qui consiste à partir du terrain et de l’analyse des pratiques pour parvenir à la production des savoirs. Cette démarche fait la spécificité et l’apport de la discipline. Chaque auteur prend soin de la réaffirmer par un recours systématique à des études de cas. Le deuxième, « des savoirs aux pratiques », consiste dans le choix d’une posture de production de savoirs permettant l’accompagnement de la « reconstruction » des...

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