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Reviewed by:
  • Libri per diventare italiani. L’editoria per la scuola a Milano nel secondo Ottocento by Elisa Marazzi
  • Antonin Durand
Elisa Marazzi Libri per diventare italiani. L’editoria per la scuola a Milano nel secondo Ottocento Milan, Franco Angeli, 2014, 331 p.

Dans le renouveau que connaît l’histoire de l’édition en Italie depuis les années 1980, la ville de Milan est au centre de nombreux travaux pionniers, à commencer par ceux de Marino Berengo ou par la thèse plus récente de Gianluca Albergoni1. C’était donc une gageure pour Elisa Marazzi que de rouvrir un chantier qui avait déjà débouché sur de nombreux résultats importants. Le livre qu’elle tire de sa thèse se distingue pourtant par une périodisation englobant l’unification nationale et par la réflexion qu’il propose sur les articulations entre le marché éditorial et le milieu scolaire. Bien plus qu’une histoire du manuel scolaire, l’ouvrage propose un tableau complet des différentes façons dont le marché éditorial joue des progrès de l’alphabétisation et de la nouvelle demande qui en découle pour pénétrer dans le milieu scolaire.

Pour rendre compte des évolutions du métier d’éditeur et de la révolution professionnelle comme économique que représente l’ouverture du marché scolaire, l’auteure combine des analyses monographiques centrées sur quelques éditeurs plus ou moins connus – Antonio Vallardi, Enrico et Luigi Trevisini ou Giacomo Agnelli, dont les carrières sont restituées dans le détail dans le troisième chapitre – avec une approche quantitative de la production éditoriale fondée essentiellement sur l’analyse des catalogues. La diversité des méthodes d’analyse appliquées à ce dernier type de source permet de reconstituer l’émergence d’un capitalisme éditorial dans lequel des techniques d’expansion commerciale inspirées de l’industrie permettent une modernisation rapide de la production et une croissance de la diffusion des livres sans précédent. De ce point de vue, l’entrée dans le métier de ce qu’E. Marazzi appelle la « deuxième génération » des libraires, constituée pour l’essentiel par les enfants des fondateurs de maisons d’édition, paraît déterminante. Ainsi, Giuseppe et Pietro Vallardi viennent enrichir de leur culture industrielle et commerciale l’entreprise de leur père, qu’ils reprennent au milieu des années 1870. Il en va de même de Luigi Trevisini qui, en succédant à son père Enrico, adopte une stratégie de diversification de la production qui le conduit à proposer aux écoles du matériel éducatif comme des tableaux noirs, des cartes de géographie ou des jeux pédagogiques.

Une des principales originalités de l’ouvrage vient de ce qu’il propose une analyse large des différents vecteurs de l’entrée du livre dans [End Page 792] l’école, entre innovations pédagogiques et stratégies commerciales. Dans cet esprit, l’étude de la naissance des collections de livres scolaires et périscolaires se situe dans la lignée d’une historiographie française parfaitement maîtrisée et montre combien le contexte scolaire a favorisé cette nouveauté. En s’appuyant sur une analyse lexicologique minutieuse de la naissance des mots désignant la collection – l’italien dispose à cet égard entre collana et collezione d’une nuance ignorée du français – et en accordant une attention particulière aux stratégies éditoriales portant sur le livre comme objet, E. Marazzi montre la volonté des éditeurs de créer des relations entre les titres, de les associer les uns aux autres et de les mettre en réseau. Les livres de lecture et surtout les livres distribués comme prix en fin d’année offrent ainsi aux élèves une entrée dans l’ensemble d’une collection. Cet aspect est approfondi grâce à une réflexion originale sur ces livres de prix, qui sont présentés comme un moyen pour l’institution scolaire de motiver et de récompenser les bons élèves, mais aussi d’orienter leurs lectures, tout en assurant aux...

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