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Reviewed by:
  • Authoring the Past: History, Autobiography, and Politics in Medieval Catalonia by Jaume Aurell
  • Sophie Hirel-Wouts
Jaume Aurell Authoring the Past: History, Autobiography, and Politics in Medieval Catalonia Chicago, University of Chicago Press, 2012, ix-315 p.

Dans Authoring the Past, Jaume Aurell, retrace l’âge d’or de l’historiographie catalane, ancrant son propos dans les Gesta comitum Barchinonensium de la fin du xiie siècle, puis analysant ce [End Page 760] que l’on appelle traditionnellement les « quatre grandes chroniques » catalanes, à savoir, au xiiie siècle, Le livre des faits de Jacques Ier et la chronique de Bernat Desclot, et au xive siècle, la chronique de Ramon Muntaner et le livre de Pierre IV le Cérémonieux.

Le corpus retenu est plutôt conventionnel et pourrait paraître décevant tant ces textes ont monopolisé l’attention de la critique au détriment d’écrits moins connus et pourtant fondamentaux dans la tradition historiographique de l’Est péninsulaire. Il n’en est rien. L’auteur justifie intelligemment son choix par l’importance de ces œuvres dans la genèse de l’historiographie et par leur capacité à porter des concepts clés pour appréhender l’évolution de l’écriture de l’histoire au Moyen Âge.

Son travail se nourrit des travaux d’éminents spécialistes de l’historiographie et/ou de la Catalogne médiévale, notamment les américains Gabrielle Spiegel et Thomas Bisson. L’un des premiers mérites de ce livre – rédigé en anglais – est assurément d’offrir à un public anglophone une belle introduction à la tradition des textes historiques catalans, montrant – avec maintes traductions à l’appui – la variété rhétorique, stylistique et stratégique de ces œuvres. L’auteur de ce livre n’ignore toutefois pas les traditions critiques « locales » (Miquel Coll i Alentorn, Ferran Soldevila) et européennes, qu’il prend en compte, nuance et enrichit. L’ouvrage offre à ce titre un contrepoint intéressant aux travaux de Stefano Maria Cingolani sur ces mêmes textes1.

D’un point de vue méthodologique, J. Aurell se fonde sur un appareil théorique dense et lie avec brio approches historique et philologique. C’est là le second mérite de cet ouvrage, qui se situe en permanence à la confluence de la critique littéraire postmoderniste et de l’analyse historique inspirée du « new medievalism », autant d’approches qui assurent l’originalité de la méthode utilisée par J. Aurell et de l’interprétation qu’il fait des textes.

Le livre comporte deux parties équilibrées (de cinq chapitres chacune) assorties de solides notes explicatives et bibliographiques. La première partie est une présentation analytique des cinq œuvres du corpus. La seconde « théorise et interprète » les notions de genre historique, d’autobiographie et d’autorité (p. 109). On peut noter d’emblée que même si l’auteur centre très majoritairement son propos sur cinq textes catalans, il n’hésite pas à les comparer à d’autres sources historiographiques et d’autres aires de production. Ce point de vue comparatif, parce qu’il bat en brèche la sacro-sainte idée d’une « exception historiographique catalane », est le troisième point fort de l’ouvrage.

Chacun des chapitres de la première partie est rigoureusement structuré en trois temps (texte et contexte, réflexion sur l’autorité et synthèse sur le contenu). Les Gesta comitum Barchinonensium, rédigés entre 1180 et 1184 au monastère de Ripoll, ouvrent la voie. J. Aurell les envisage comme un élément de légitimation dynastique. Remontant généalogiquement à un héros fondateur, Guifred le Velu, les Gesta témoignent de la volonté croissante d’autonomie du comté de Barcelone face à la tutelle franque. Écrits peu après l’union du comté de Barcelone et du royaume d’Aragon, sous le règne d’Alphonse II, ils se présentent aussi comme une généalogie des nouveaux rois d’Aragon.

Loin de la veine généalogique des Gesta, le roi Jacques Ier (1213-1276) rédige entre 1244 et 1274 un Livre des...

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