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Reviewed by:
  • Guillaume de Conches : philosophie et science au XII e siècle ed. by Barbara Obrist et Irene Caiazzo
  • Christophe Grellard
Barbara Obrist et Irene Caiazzo (dir.) Guillaume de Conches : philosophie et science au XII e siècle Florence, Sismel-Edizioni del Galluzzo, 2011, xxv-522 p.

Bien plus que de simples actes de colloque, les études réunies dans le présent volume constituent la première synthèse récente sur la philosophie de Guillaume de Conches (actif entre 1120 et 1154 environ). De fait, si l’on s’accorde, particulièrement depuis les travaux de Tullio Gregory et d’Édouard Jeauneau, sur l’importance [End Page 752] de ce philosophe dans le paysage intellectuel de la « renaissance du xiie siècle », il manquait encore un ouvrage permettant d’avoir une vision synthétique de ses positions clés, et ce alors même que la plupart de ses écrits sont disponibles sous la forme d’une édition critique. C’est une lacune qui est désormais en partie comblée.

Le volume, qui contient treize contributions en anglais et en français, se laisse diviser thématiquement en quatre parties. La première porte sur la « physique » (l’étude de la nature) de Guillaume et rassemble les études d’Irène Caiazzo sur le statut des quatre éléments, de Charles Burnett sur les rapports entre Adélard de Bath et Guillaume, de Danielle Jacquart sur l’influence de la médecine sur cette physique et, enfin, d’É. Jeauneau sur l’interaction entre médecine et « culture littéraire ». La deuxième partie est consacrée à l’astronomie avec une étude de Barbara Obrist sur la cosmologie de Guillaume, une autre d’Helen Rodnite Lemay sur l’astronomie dans les Gloses (encore inédites) sur Macrobe, et une dernière de Patrick Gautier Dalché sur la géographie du philosophe. Une troisième partie introduit à un thème situé à la limite de la philosophie naturelle et de la théologie, à savoir la création. Jean Jolivet compare la création de l’homme chez Abélard, Guillaume et Alain de Lille ; Alexander Fidora met au jour la circulation des hommes et des idées en examinant le rapport avec Gundisalvi ; Dominique Poirel retrace enfin la controverse entre Guillaume et Hugues de Saint-Victor sur la création du monde. La quatrième partie s’intéresse à ce qui relève du trivium dans l’activité du philosophe : Karin Margareta Fredborg présente la grammaire de Conches dans le double contexte de « l’humanisme » du xiie siècle et des développements de la logique et Julie Brumberg-Chaumont examine, dans une perspective complémentaire, le statut du nom propre comme témoignage de cette fécondation réciproque de la grammaire et de la sémantique. Enfin, une contribution de Paul Edward Dutton sur la notion de philosophia (à partir du titre de l’œuvre éponyme de Guillaume) fait office de conclusion. La préface d’É. Jeauneau fournit quelques informations bio-bibliographiques (quoique de façon succincte) et deux index des noms et des manuscrits permettent de circuler aisément dans ce volume.

L’ensemble des études, de taille variée puisque certaines sont de véritables petits essais (de 60 à 90 pages), se caractérise par le souci de replacer Guillaume de Conches dans le contexte historique et intellectuel qui est le sien, ainsi que par la volonté de rester attentif aux évolutions de sa pensée. Contre l’injonction à la cohérence, il faut au contraire retrouver le fil historique d’une pensée qui se constitue progressivement, et ce dans un débat permanent avec un ensemble de traditions grécolatines et arabes d’un côté et avec les développements contemporains de la spéculation de l’autre. De fait, certaines des contributions proposent d’excellentes mises en perspective historique qui permettent de mieux appréhender le phénomène de la translatio studiorum et les vecteurs de transmission latins et arabes de la science antique, en rappelant les principaux textes disponibles et les concepts clés véhiculés. On regrette seulement que ces approches relevant de l’histoire...

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