In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • «Mercatura è arte». Uomini d’affari toscani in Europa e nel Mediterraneo tardomedievale dir. by Lorenzo Tanzini et Sergio Tognetti
  • Cédric Quertier
Lorenzo Tanzini et Sergio Tognetti (dir.) «Mercatura è arte». Uomini d’affari toscani in Europa e nel Mediterraneo tardomedievale Rome, Viella, 2012, 289 p.

L’édition des actes du colloque de Cagliari de 2010 témoigne du dynamisme de cette université et des études sur la Toscane. Une telle entreprise souligne l’émergence d’une nouvelle génération de chercheurs travaillant sur le thème classique de la circulation des marchands toscans aux xive et xve siècles. Il s’agit là d’un élément essentiel pour comprendre le format de l’ouvrage. Sans introduction, ni conclusion synthétique, ni titres intermédiaires, mais avec un index des noms de personnes, de compagnies et de lieux fort utile, il est quelque peu déséquilibré: les deux premiers tiers sont des synthèses issues de travaux [End Page 235] d’ampleur – souvent des thèses–, servies par des sources exceptionnellement riches, quand le dernier tiers concerne des zones moins documentées ou des études de cas poussées.

Le but avoué est de privilégier les recherches récentes sans prétendre à la synthèse exhaustive, en laissant aux auteurs la liberté des thèmes à traiter. Dès lors qu’on peut dégager les thématiques communes – les modalités d’insertion, en particulier institutionnelles, des hommes d’affaires (expression préférée à «marchands») dans les structures sociopolitiques urbaines ou l’importance capitale des paramètres politiques sur le climat des affaires–, la nouvelle génération devient un «moment» historiographique, après la «génération» des chercheurs du Gruppo interuniversitario per la storia dell’Europa mediterranea (Gisem)1.

Les modalités d’insertion dans la société locale doivent se lire à plusieurs échelles: individu, famille, compagnie et natio. Un homme d’affaires est d’abord inséré dans les traditions et les choix politiques de sa famille: la mobilité des juifs exerçant l’activité de médecin et de marchand entre Toscane, Romagne, Catalogne et Sardaigne s’éclaire d’un jour nouveau quand elle est replacée dans les habitudes familiales (Cecilia Tasca). Surtout, l’importance du bannissement politique en tant que cause d’émigration est mise en avant, que ce soit au niveau individuel ou comme trait saillant de la prosopographie des Toscans à Barcelone. Ceux-ci réussissent à dépasser l’exclusion théorique de la nation marchande en continuant de faire des affaires avec leurs compatriotes à l’étranger pour réorienter leurs réseaux afin de contourner ce bannissement. Certains peuvent alors bénéficier d’une ascension sociale lorsqu’ils deviennent les intermédiaires privilégiés de leurs concitoyens sur place.

La mise en relation de l’organisation des compagnies avec celle des familles rappelle l’importance déjà connue du «capitalisme familial», constitué de filiales possédées en indivision et dirigées chacune par un membre de la même famille, qui déploie sa stratégie en direction des pôles principaux de son activité, parfois très éloignés. Ces sociétés sont reliées entre elles par la circulation du crédit, des participations croisées au capital des compagnies, dont les membres sont liés par des rapports personnels forts (apprentissage) redoublés par des liens de parenté charnelle ou artificielle (tel le parrainage).

Quant aux communautés, elles sont d’abord quantifiables. On compte souvent quelques dizaines de personnes et une petite dizaine de compagnies, voire une cinquantaine de familles à Barcelone, tandis que 38 % des étrangers restent plus d’un an à Raguse. Mais ces chiffres sont sans commune mesure avec la force de frappe financière de ces communautés qui en fait des minorités dominantes («minoranza forte», p. 9). Les modalités de cette domination peuvent être questionnées à travers l’organisation institutionnelle des communautés toscanes à l’étranger. Les études de Francesco Guidi Bruscoli et Laura Galoppini sur Londres et Bruges éclairent d’un jour nouveau ces nations marchandes, tiraillées entre des dynamiques de solidarité et de concurrence. Se dégage...

pdf

Share