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  • Trado atque dono. Die frühmittelalterliche private Grundherrschaft in Ostfranken im Spiegel der Traditionsurkunden der Klöster Lorsch und Fulda (750 bis 900) by Sebastian Freudenberg
  • Alexis Wilkin
Sebastian Freudenberg Trado atque dono. Die frühmittelalterliche private Grundherrschaft in Ostfranken im Spiegel der Traditionsurkunden der Klöster Lorsch und Fulda (750 bis 900) Stuttgart, Franz Steiner, 2013, 456 p.

Les années 1960 à 1995 ont vu fleurir une grande quantité de travaux dédiés à l’organisation de la grande propriété dans les espaces allemands, belges, français et italiens. Cette réflexion s’enracinait dans une tradition plus ancienne, illustrée notamment par les œuvres pionnières de Benjamin Guérard et de Charles-Edmond Perrin en France, ou d’Alfons Dopsch en Allemagne. L’engouement pour l’analyse du grand domaine s’alimentait principalement de la lecture des polyptyques, ces documents de gestion très variés, qui établissaient la liste des redevances et des prestations en travail prélevées sur les ménages paysans dans le contexte domanial. L’analyse méticuleuse des polyptyques, surtout ceux des pays entre Loire et Rhin, avait permis de dégager une série d’acquis qui semblaient s’être cristallisés en une doctrine désormais figée depuis la fin des années 1990. À Spolète, en 1965, Adriaan Verhulst avait déjà montré les origines altomédiévales du système «domanial classique». Celui-ci se caractérisait par la division du patrimoine foncier des élites entre une réserve, exploitée par le maître, et des tenures (manses…) qui assuraient des services sur la première. A. Verhulst en avait attribué la création aux élites mérovingiennes et carolingiennes et, dans la suite de son œuvre, avait postulé une extension progressive de son application aux régions gagnées par l’emprise carolingienne, notamment à l’est du Rhin.

Il y eut bien des réticences notables – par exemple, les travaux d’Élisabeth Magnou-Nortier, de Jean Durliat ou de Walter Goffart, qui ont défendu la continuité du grand domaine carolingien avec les latifundia antiques, ou plaidé pour une analyse fiscale des redevances listées dans les polyptyques. Mais, globalement, la vision d’A. Verhulst s’est imposée, même si elle a été nuancée et affinée dans ses contours. Depuis une vingtaine d’années, une relative torpeur s’était emparée de la recherche sur le grand domaine et a figé l’état de nos connaissances, pouvant induire chez un observateur inattentif l’idée, erronée, que tous les problèmes avaient été résolus. En vérité, la relative déshérence de l’histoire économique et rurale, qui s’est accusée depuis l’affirmation de l’histoire culturelle et sociale inspirée par l’anthropologie, explique cette situation, même si des îlots de résistance ont continué, avec talent, à prolonger ces analyses.

L’ouvrage de Sebastian Freudenberg revient donc avec bonheur à la tradition illustrée par Robert Fossier, A. Verhulst, Jean-Pierre Devroey, Yoshiki Morimoto ou Pierre Toubert. Ce volume est dédié à l’analyse de la seigneurie laïque, question traditionnellement laissée de côté par l’historiographie. Dès son introduction, il souligne à quel point la question des structures de la propriété et de leur exploitation est loin d’être réglée. L’introduction brosse en effet un état de la littérature – centré essentiellement sur l’Allemagne – qui montre combien la thèse d’A. Verhulst relative à l’extension du régime classique à l’Est s’appuyait sur une littérature vieillie et contestable dans ses conclusions. Quelle que soit la qualité générale de l’œuvre du savant gantois, ce paradigme ne résiste pas à l’analyse, dans la mesure où plusieurs exemples de domaines organisés de manière «classique» existent à l’est du Rhin bien avant la pénétration franque.

L’objet du travail de l’auteur est de reprendre un objet mal connu et souvent décrit de façon schématique. La question de l’organisation de la propriété aristocratique laïque est un véritable probl...

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