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  • Les affaires de Monsieur Andreau. Économie et société du monde romain dir. by Catherine Apicella, Marie-Laurence Haack et François Lerouxel
  • Lucia Rossi
Catherine Apicella, Marie-Laurence Haack et François Lerouxel (dir.) Les affaires de Monsieur Andreau. Économie et société du monde romain Bordeaux, Ausonius, 2014, 315 p.

Ce volume en hommage à Jean Andreau offre une mise au point significative de l’histoire économique et sociale de l’Antiquité, autant par les débats historiographiques dans lesquels il s’inscrit que par les nouveaux éclairages qu’il apporte à des thèmes tels que les modes de production, l’esclavage et le travail contraint, ou encore le commerce. Le monde romain et, dans une moindre mesure, le monde grec classique et hellénistique y sont traités.

Il s’agit donc d’une référence fondamentale pour les chercheurs, qui s’avère fort utile également à des fins pédagogiques. Il convient à ce sujet de souligner la richesse de la bibliographie des travaux de J. Andreau, dans laquelle l’épigraphiste, l’archéologue, le papyrologue, mais avant tout l’historien des institutions, de l’économie et de la société du monde romain trouveront une source précieuse de réflexion. C’est cette même ampleur et variété de questionnements que reflètent les six parties de l’ouvrage, dont l’équilibre apparaît d’emblée au vu du sommaire. Évoquant par son titre le livre magistral de J. Andreau sur les archives du banquier pompéien L. Caecilius Jucundus1, ce livre témoigne de la place centrale du savant dans le panorama scientifique international, que souligne fort justement François Lerouxel en introduction.

Ainsi, en s’inspirant de la «réflexion historiographique permanente sur la nature de l’économie antique» et du «souci de la comparaison avec les autres économies historiques» (p. 25) caractéristiques de l’œuvre de J. Andreau depuis les années 1960, le présent ouvrage s’ouvre par une partie consacrée à l’historiographie et aux structures de l’économie romaine. Constituée de trois articles, elle est centrée sur l’examen des postulats théoriques des savants qu’il convient d’appeler, avec Hinnerk Bruhns, les «Classiques» (p. 29-41), sur le déclin économique supposé de l’économie impériale entre les ive et vie siècles apr. J.-C., ainsi que sur la pertinence de la notion d’économie de marché et des approches comparatistes pour l’analyse des économies préindustrielles.

Les apports méthodologiques et historiographiques y sont nombreux. À titre d’exemple, l’analyse par H. Bruhns de quelques passages de Max Weber, Moses Finley et Douglass North, et celle des relectures plus récentes, parfois partielles et erronées, qui en ont été proposées, est remarquable. En partant du constat d’une «résurgence régulière de questions» telle l’opposition «entre rationnel et irrationnel, ou embedded/disembedded» (p. 29), quel usage «l’historien de l’économie antique peut-il faire de la science économique moderne?» (p. 30). Sans entrer dans les détails de la querelle, il importe de souligner tout l’intérêt d’une étude de l’œuvre wébérienne en matière d’économie antique qui tienne compte, systématiquement, des contextes historique et intellectuel dont M. Weber était issu. De ce fait, les propos de M. Weber, notamment en ce qui concerne l’utilité des catégories idéaltypiques comme outils d’analyse dépourvus de jugement de valeur et la signification technique des notions de rationalité et d’irrationalité, ne s’en trouvent pas dénaturés.

Voilà un exemple de la méthodologie qu’un historien se doit d’adopter dans l’appréciation et dans l’usage des fondements théoriques [End Page 217] de l’histoire économique antique. Les cinq parties qui suivent développent autant de thèmes clés de l’histoire économique de l’Antiquité: les systèmes de production agraire, les pratiques financières et la fiscalité, les commerces et leur organisation, les statuts sociaux et de travail, ainsi que la culture pratique de l’écrit.

Le chapitre...

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