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Reviewed by:
  • La chambre de veille. Entretiens avec Felipe Brandi et Thomas Hirsch by François Hartog, and: Croire en l’histoire by François Hartog, and: Partir pour la Grèce by François Hartog
  • Étienne Anheim
François Hartog La chambre de veille. Entretiens avec Felipe Brandi et Thomas Hirsch Paris, Flammarion, 2013, 217 p.
François Hartog Croire en l’histoire Paris, Flammarion, 2013, 309 p. et 4 p. de pl.
François Hartog Partir pour la Grèce Paris, Flammarion, 2015, 283 p. et 4 p. de pl.

Les recueils d’articles et les livres d’entretien ont souvent mauvaise presse dans le monde scientifique. Les trois livres publiés par François Hartog depuis 2013, qui s’inscrivent dans ces deux genres, sont l’occasion de prouver le contraire et de revenir sur les contours du travail mené depuis près de quarante ans par l’historien. L’intérêt de ces ouvrages dépasse largement la dimension pratique – déjà non négligeable – qui consiste à réunir des textes dispersés dans le temps et l’espace. Il s’agit surtout de réfléchir en termes de bibliographie matérielle et de mesurer que l’agencement global d’un volume de textes, l’ajout de tel ou tel chapitre inédit, la réécriture d’autres, et l’inscription dans un ensemble cohérent articulé par une présentation liminaire et une conclusion, modifient la lecture de l’ensemble. Ainsi, ces trois volumes permettent de s’interroger sur les rapports internes entre les textes inscrits dans les différentes thématiques étudiées par l’auteur, en particulier l’histoire de la Grèce et l’historiographie au sens plus général, mais aussi sur les liens entretenus entre ces domaines de recherche, une fois replacés dans une perspective globale qui n’oublie pas de faire la part de la trajectoire intellectuelle et biographique du savant.

Formé dans une tradition d’anthropologie historique de la Grèce marquée par la figure de Jean-Pierre Vernant, F. Hartog a choisi rapidement d’élargir son horizon à une interrogation historiographique sans frontières chronologiques. Cette orientation a débouché sur des travaux de portée plus épistémologique sur l’histoire durant les vingt dernières années, en particulier en posant la question des régimes d’historicité et du présentisme et en dialoguant avec les œuvres de Reinhart Koselleck ou de Paul Ricœur. La lecture complémentaire de ces trois ouvrages est l’occasion de montrer la logique de ce parcours et d’offrir des clés de lecture réciproque qui, si elles sont rétrospectives comme c’est la loi du genre, n’en sont pas moins éclairantes pour saisir les enjeux du projet historiographique de l’auteur.

Croire en l’histoire, on a pu le montrer ailleurs1, prolonge le volet contemporain de la réflexion de F. Hartog sur deux plans parallèles. Le premier est celui de l’approfondissement des liens entre les questions de la mémoire, de la narration et de la place de l’histoire dans le monde actuel. Il permet de mettre en évidence l’inquiétude – scientifique aussi bien que sociale – vis-à-vis du rapport à l’histoire hérité du XXe siècle, et la difficulté à sortir de l’immédiateté de notre perception du temps pour reconstruire un modèle d’intelligibilité qui puisse avoir une pertinence aussi bien pour le chercheur que pour le citoyen. Mais le second plan n’est pas le moins intéressant : c’est celui de l’articulation méthodologique entre l’histoire et la littérature, entendue comme espace privilégié de réflexion sur la pluralité des perceptions et des écritures du temps. Dans un cas comme dans l’autre, ce qui importe finalement est de saisir l’histoire des historiens hors d’elle-même, confrontée à la demande sociale et politique de mémoire ou à l’écriture littéraire. C’est là un trait distinctif du travail de F. Hartog et l’une de ses singularités, par rapport à une tradition historiographique qui pose souvent les probl...

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