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  • Max Weber Gesamtausgabe by Max Weber, and: Max Weber Gesamtausgabe, vol. II-9, Briefe 1915-1917 by Max Weber, and: Max Weber Gesamtausgabe, vol. II-10, Briefe 1918-1920 by Max Weber
  • Hinnerk Bruhns
Max Weber Max Weber Gesamtausgabe, vol. II-8, Briefe 1913-1914 éd. par M. R. Lepsius et W. J. Mommsen, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 2003, XXX- 902 p.
Max Weber Max Weber Gesamtausgabe, vol. II-9, Briefe 1915-1917 éd. par G. Krumeich et M. R. Lepsius, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 2008, XXXI- 948 p.
Max Weber Max Weber Gesamtausgabe, vol. II-10, Briefe 1918-1920 éd. par G. Krumeich et M. R. Lepsius, Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 2012, 2 t., 1 228 p.

L’édition des lettres de Max Weber a fait un grand pas en avant. Après les quatre grands volumes qui couvraient les années 1906 à 1912, ces quatre volumes contiennent les lettres de 1913 jusqu’à la fin du mois de mai 1920, soit deux semaines avant sa mort. Parmi les presque 1 300 lettres réunies, plus de 750 concernent la période allant du début du mois d’août 1914 à la fin du mois de mai 1919, date du retour de M. Weber d’un court séjour à [End Page 489] Versailles où il avait été missionné comme expert auprès de la délégation allemande lors des négociations de paix.

Pour l’histoire de la Première Guerre mondiale, les lettres de M. Weber constituent une source précieuse. Seule une petite partie d’entre elles avaient pu être exploitées par Wolfgang Mommsen dans son étude de 19591. Les lettres des années de guerre dévoilent un intellectuel qui, à première vue, semble partager l’enthousiasme guerrier de nombre d’universitaires. « Cette guerre est grande et merveilleuse », écrit-il à des proches et à des collègues, regrettant d’être empêché de servir au front. En novembre 1915 et de nouveau en avril 1916, il écrit : « de tous les fils de ma mère, j’ai les instincts guerriers innés les plus forts […] et c’est pourquoi je hais cette guerre qui aurait dû venir vingt ans plus tôt et me trouver assis sur un cheval ». Pourtant, M. Weber ne participe pas à ce qui a été désigné comme la « mobilisation des esprits2 ». Il dénonce avec une ironie féroce les « gens plein d’esprit » qui inventent des idées alors que les soldats se font tuer au front. À chaque fois que M. Weber parle de cette guerre si grande et si merveilleuse il ajoute : « quelle qu’en soit l’issue ». Il la considère comme une guerre de défense, imposée à l’Allemagne, qui devrait parachever la construction de la nation.

La critique du gouvernement et, surtout, de l’empereur est une constante dans ses lettres comme dans ses interventions publiques. Son engagement contre les annexionnistes de tout bord et les propagandistes de la guerre sous-marine à outrance, qui provoqua l’entrée en guerre des États-Unis, est également manifeste. L’enthousiasme du début cède ensuite la place à la dénonciation du massacre de centaines de milliers d’hommes pour des portefeuilles de ministre et à la critique de plus en plus virulente de la politique menée par la « horde de fous furieux » qui gouverne le pays. Ses reproches épargnent longtemps les militaires, mais cela change à partir des négociations de paix à Brest-Litovsk qui, selon lui, n’aboutiront qu’à un semblant de paix du fait des visées annexionnistes défendues par l’armée. En novembre 1918, après l’armistice, quand la menace de pertes de territoires à l’Est se précise, il applique le même raisonnement à l’Allemagne, appelant à faire émerger un irrédentisme allemand.

Les lettres des volumes II-9 et II-10 montrent surtout la préoccupation permanente de M. Weber pour la paix et l’indispensable réorganisation de l’Allemagne après la guerre, par le biais de réformes politiques, sociales et économiques. Ces lettres n’étaient pas soumises à la...

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