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  • Écrire l’histoire ancienne à l’École française de Rome (1873-1940) by Sarah Rey
  • John Scheid
Sarah Rey Écrire l’histoire ancienne à l’École française de Rome (1873-1940) Rome, École française de Rome, 2012, 489 p.

Comme le titre, un peu réducteur, l’indique, écrire l’histoire d’une institution comme l’École française de Rome (Efr) n’est pas une tâche aisée. École, elle ne l’a pratiquement jamais été, ou alors d’une façon très particulière. Romaine, elle ne l’est également que de façon partielle, puisque beaucoup de « membres » ont en fait travaillé ailleurs qu’à Rome. Sarah Rey s’est en outre trouvée devant un groupe de membres qui n’ont séjourné à Rome que pendant deux ans en moyenne, sans y achever leurs doctorats ni réaliser de travaux définitifs. Leur origine est diverse, et l’analyse de leur recrutement est biaisée par les positions qu’ils occupaient depuis la fin de leurs études supérieures. Ces groupes déjà constitués en partie avant d’arriver à Rome se défont au retour, et aucune solidarité de corps n’apparaît pendant la période étudiée. Pour faire de l’histoire avec des données aussi adventices et difficiles, S. Rey a mené une série d’enquêtes sur les choix scientifiques, sur le travail à l’extérieur de Rome et sur le retour en France. Enfin, elle a analysé les caractéristiques de l’institution, la manière dont celle-ci a déterminé les orientations des membres et l’absence d’unité entre ceux-ci.

Pour réaliser cette vaste enquête, S. Rey n’a pas seulement dépouillé les archives de toute nature concernant la fondation et le fonctionnement de l’Efr, elle a également consulté les correspondances actuellement accessibles, les formulaires d’enquête lancés il y a quinze ans par l’école elle-même, et a interrogé un grand nombre d’anciens membres. Surtout, elle a lu presque la totalité de la production scientifique des membres sur lesquels portait son enquête et celle de certains pensionnaires postérieurs. Son livre est donc un véritable travail de recherche prosopographique, d’une part, une analyse scientifique des œuvres et entreprises des anciens membres, de l’autre, qui a impliqué des dépouillements et des lectures très larges. Il en sort un volume extrêmement bien informé, équilibré et incisif, qui essaie de croquer le portrait du farnésien type, un portrait que S. Rey considère à la fin comme presque impossible, tant les différences sont grandes entre les personnages de son histoire.

S. Rey est antiquisante, ce qui constitue un atout car la plupart des membres étaient des antiquisants, et, même si elle est en fait historienne, S. Rey « connaît les règles du jeu », comme l’écrivait Arnaldo Momigliano. Anti-quisante et historienne, donc, elle était préparée pour mener à bien son projet, qui est moins un sujet d’histoire contemporaine qu’une appréciation scientifique et prosopographique d’un groupe composé de quatre-vingt-dix anti-quisants. Il suffit de lire les pages consacrées aux conflits scientifiques, qui se déroulaient parfois sur un arrière-plan politique, pour voir ce qu’apporte sa connaissance de l’histoire ancienne.

Plusieurs points forts jouent un rôle dans la vie de l’école. D’une part, la personnalité des directeurs, qui ont exercé une discrète mais réelle influence sur les membres, le choix de leurs sujets de thèse et leur orientation pour l’avenir. S’il y a école, c’est certainement de ce point de vue. D’autre part, les groupes décelables existaient généralement auparavant, notamment à l’École normale supérieure, et les solidarités remontent plutôt à cette période qu’au séjour romain. Enfin, une façon commune d’écrire l’histoire ancienne émerge de la comparaison des mémoires, thèses, articles et livres. Celle d’une version française de l’Altertumswissenschaft d’outre-Rhin, destinée à prouver...

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