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Reviewed by:
  • Perspectives sur la littérature franco-ontarienne dir. by de Ali Reguigui et Hédi Bouraoui
  • David Bélanger
Perspectives sur la littérature franco-ontarienne, s. la dir. de Ali Reguigui et Hédi Bouraoui, Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2007, 466 p.

La littérature franco-ontarienne existe et elle est florissante : voilà l’assertion que semble vouloir prouver ce collectif dirigé par Ali Reguigui et Hédi Bouraoui. Réédition, revue et augmentée, d’un ouvrage ayant déjà paru en 2003, ce projet, répété quatre années seulement après sa première parution, marque d’autant plus son message : c’est la « vigueur », la « bonne santé du corpus ainsi que la rigueur des réflexions à son sujet » dont témoigneraient les essais de ce livre. Cette volonté, si elle paraît banale dans le cadre d’un tel ouvrage devient troublante, plus avance le collectif. Déjà, on répète, à la fin de l’introduction : « Les essais de ce livre montrent sans ambages que la littérature franco-ontarienne est prête à transcender les frontières nationales et internationales pour faire entendre l’originalité et la pertinence de ses voix dans le concert de l’universel sans perdre pour autant son cachet. » C’est que Perspectives sur la littérature franco-ontarienne adopte un point de vue largement métaréflexif, mettant en scène le rôle, l’engagement et l’influence de la critique et du milieu universitaire dans le développement de la littérature franco-ontarienne. Cette dimension importante de l’ouvrage prodigue un rôle aux différents articles qui, chantant la vigueur de cette littérature, l’affermissent d’autant.

Ainsi, le premier essai, panoramique, d’Elizabeth Lasserre travaille à définir la littérature franco-ontarienne, mettant la rupture au centre de son hypothèse : elle observe, dans les dernières années, le passage d’une littérature « franco-ontarienne » définie par l’identité et le territoire à une littérature « franco/ontarienne », moins homogène. Pour ce faire, elle s’attarde surtout sur la réception critique de cette littérature. Les articles panoramiques de François Paré, de Lucie Hotte, de Johanne Melançon et de Joël Beddows ont une même visée institutionnelle. Dans « La normalisation du corpus franco-ontarien », Paré relève l’importance des universitaires dans l’autonomisation de la littérature francoontarienne : le rôle de Fernand Dorais, Robert Dickson, René Dionne et de différents anthologistes dans la définition de corpus est alors analysé. La question dans le titre de l’article de Lucie Hotte poursuit la réflexion : « L’institution littéraire franco-ontarienne : don du ciel ou fléau ? » Elle marque bien la différence entre l’institution majoritaire et l’institution en milieu minoritaire, écrivant, par exemple, que « les institutions littéraires minoritaires cherchent plutôt à engager l’œuvre dans une cause commune, celle de la survie de la communauté ». L’article de Melançon cherche, quant à lui, à tracer une histoire de l’émergence institutionnelle franco-ontarienne, du Nouvel-Ontario à aujourd’hui (2004, dans l’article). Elle oppose, pour ce faire, et de façon fort stimulante, les conceptions historiques du corpus franco-ontarien: celles de René Dionne, de François [End Page 512] Paré et de Gaston Tremblay. Entre la Nouvelle-France et les écrits de Samuel de Champlain et le Nouvel-Ontario et les écrits de Patrice Desbiens, deux origines se dessinent. Enfin, le texte de Joël Beddows présente un nouveau regard sur l’institution théâtrale franco-ontarienne. En fait, il soutient que « dès le début des années 1990, [l’institution du théâtre de langue française en Ontario] a abandonné son rôle de bâtisseuse identitaire et communautaire ». Sa réflexion, de plus, s’inscrit « dans un esprit de révisionnisme historique dans le but de se défaire du mythe […] selon lequel le théâtre en Ontario français est né d’un néant et qu’il a émergé en vase clos vis-à-vis de Montréal et du Québec ». Cela l’amène...

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