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Reviewed by:
  • Les Cahiers des Dix by La Société des dix
  • Sébastien Côté
La Société des dix, Les Cahiers des Dix, n° 66, Québec, Les Éditions La Liberté, 2012, xx- 420 p.

Dans sa préface au numéro inaugural des Cahiers des Dix (1936), Ægidius Fauteux affirmait que « le groupe des Dix ne prétend[ait] pas ajouter une nouvelle société d’études historiques à celles qui exist[ai]ent déjà chez nous. Il est et ne veut être qu’une association de camarades » (Ægidius Fauteux, « Préface », Les Cahiers des Dix, n° 1, 1936). Certes, en raison de la structuration progressive des champs du savoir en sciences humaines, la formule initialement retenue par le groupe des Dix peut surprendre aujourd’hui. Il serait cependant oiseux de nier l’importance de la camaraderie dans toute profession. C’est sans doute grâce à cet esprit que Les Cahiers des Dix ont résisté à l’épreuve du temps. Autre fait notable, qui persiste jusqu’à ce jour : l’ampleur des articles. Ces généreux développements offrent aux lecteurs des analyses qui, non contraintes aux raccourcis, s’apparentent à des chapitres de livre. D’ailleurs, le numéro 66 affiche une grande cohérence. Je me limiterai toutefois aux contributions qui traitent, de près ou de loin, de la Nouvelle-France et du Canada jusqu’au tournant du xviiie siècle.

Pour qualifier les crises qui irriguèrent la vie sociale des Canadiens après la Conquête, Gilles Gilles Gallichan écrit : « La décennie 1820 à 1830 marque une importante étape de l’évolution politique du Bas-Canada, des premiers pas de sa démocratie et de ses institutions parlementaires ». En amont de cette houleuse décennie, rappelle Louis-Georges Harvey dans « Une Constitution pour l’Empire : sur les origines de l’idée fédérale au Québec, 1765-1815 », il y eut les tâtonnements constitutionnels de la fin du xviiie siècle, fortement influencés par la Révolution américaine. Parmi les acteurs les plus marquants de cette période de transition, il retient Guy Carleton, premier gouverneur de la Province of Quebec, et William Smith, auteur d’une History of Canada (1815). Sources à l’appui et insistant sur leurs idées fédérales bien ancrées dans la pensée libérale des Lumières, Harvey décrit les nombreuses démarches de Smith qui, dès 1767, voulait intégrer le Québec aux colonies américaines. Plus largement, il souligne l’importance des analyses qui se positionnent au-dessus de la mêlée, c’est-à-dire en marge de « la grande épopée nationale canadienne », souvent oublieuse du contexte colonial de l’Amérique du Nord britannique, et de « la lutte entre les nations canadienne-anglaise et canadienne-française pour établir leur domination politique sur le territoire ». De toute façon, à l’épreuve des faits, la réalité apparaît infiniment plus complexe.

Dans le second volet de ce triptyque, « Britannisme et américanité de Louis-Joseph Papineau à l’époque du deuxième projet d’union (1822-1823) », Yvan Lamonde examine les tractations constitutionnelles qui déchirèrent les deux Canadas entre 1791 et 1826, et ce, au prisme du [End Page 480] plus célèbre parlementaire bas-canadien de son époque. Pour donner un tour personnel à sa recherche, d’ailleurs aussi littéraire qu’historique, il s’appuie à la fois sur la correspondance de Papineau et des archives de diverse nature. L’auteur raconte ainsi la transformation du britannisme de Papineau : émoussée par le projet d’union de 1822, puis meurtrie au contact de la faune politique et des inégalités londoniennes entre février et août 1823, son adhésion aux principes britanniques s’étiole. En outre, son séjour à Paris du 12 août au 15 septembre 1823 confirme un sentiment identitaire qui avait germé en lui à Londres. Bref, « [i]l revient d’Europe fier d’être né en Amérique où le peuple paraît plus heureux ». Amplement documentée, cette prise de conscience expliquerait en partie la vigueur et la conviction de ses interventions publiques...

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