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  • La Gazette littéraire de Montréal (1778-1779) by Nova Doyon
  • Sébastien Drouin
La Gazette littéraire de Montréal (1778-1779). Édition présentée par Nova Doyon, annotée par Jacques Cotnam, en coll. avec Pierre Hébert, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. L’Archive littéraire au Québec, 2010, 977 p., 49,95$

La Gazette littéraire de Montréal fait figure de texte fondateur des lettres québécoises. Second périodique publié au Québec après La Gazette de Québec/The Quebec Gazette (1764), il constitue le plus précieux témoignage que nous ayons de l’influence des Lumières dans la nouvelle Province of Quebec. Fondée par Fleury Mesplet et Valentin Jautard, d’authentiques aventuriers des lettres ayant attiré l’attention d’Haldimand en raison de leur sympathie pour l’insurrection américaine, La Gazette littéraire a subi les rigueurs de la censure coloniale. Les presses du périodique sont en effet saisies en 1779, alors que Mesplet et Jautard sont jetés pour près de trois ans en prison. Fleury Mesplet relancera un autre périodide, La Gazette de Montréal/The Montreal Gazette, qu’il publie jusqu’à sa mort survenue en 1794. L’entreprise était en effet périlleuse. La Gazette littéraire de Montréal tenta d’essaimer dans la colonie encore mal dégrossie un goût pour le débat philosophique, les poésies de circonstance, l’esprit « voltairien » et la presse européenne. Or, le journalisme d’expression française ne se développera réellement qu’à partir du début du XIXe siècle, alors que la presse connaît un spectaculaire développement au Bas-Canada, comme l’ont montré les travaux de John Hare et de Jean-Pierre Wallot. La population a augmenté et les directeurs de journaux [End Page 465] ont un véritable lectorat. Pierre Bédard et ses acolytes du Canadien avaient en Mesplet et Jautard d’authentiques précurseurs dont la mémoire, hélas, n’est connue que des spécialistes.

De 1778 à 1779, Valentin Jautard et Fleury Mesplet vont inaugurer l’histoire intellectuelle québécoise en lançant des débats (souvent avec eux-mêmes) qui attirent sur le journal les foudres des autorités ecclésiastiques et politiques. Le gouverneur Haldimand avait exigé de Mesplet qu’il ne publie rien pouvant inciter les Canadiens à se révolter et il s’était montré sensible aux doléances du supérieur des sulpiciens, Étienne Montgolfier, qui s’inquiétait de voir ces deux auteurs vanter ouvertement l’œuvre de Voltaire, d’autant qu’une nouvelle Académie venait d’être fondée à Montréal afin de célébrer la mémoire du patriarche de Ferney :

Cette polémique justifie de plus l’apparition de l’Académie de Montréal qui, en venant défendre la pensée de Voltaire, appuie l’objectif poursuivi par les animateurs de la Gazette littéraire d’éclairer les Canadiens. Si le dessein de former l’esprit critique des jeunes Canadiens apparaît des plus légitimes aux partisans de la philosophie des Lumières, il déplaît néanmoins aux sulpiciens, qui dirigent le collège de Montréal.

(Introduction)

C’est néanmoins en se mêlant de critiquer les irrégularités courantes de la Cour des plaids communs que Jautard et Mesplet signent la fin de La Gazette littéraire et, du même coup, l’arrêt prononçant leur emprisonnement.

Comment se fait-il que nous ayons dû attendre le XXIe siècle pour que La Gazette littéraire de Montréal soit accessible en dehors des centres d’archives et dans une édition critique? Nous savons gré à Nova Doyon, Pierre Hébert et au regretté Jacques Cotnam d’avoir réalisé cette édition critique parue aux Presses de l’Université Laval dans la belle collection L’Archive littéraire au Québec dirigée par Bernard Andrès. Grâce à une introduction fort éclairante de Nova Doyon et aux annotations toujours justes de Jacques Cotman et de...

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