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Reviewed by:
  • New Babylonians. A History of Jews in Modern Iraq by Orit Bashkin
  • Leyla Dakhli
Orit BASHKIN.– New Babylonians. A History of Jews in Modern Iraq, Stanford, Stanford University Press, 2012, 328 pages.

Le deuxième livre de l’historienne Orit Bashkin, après The Other Iraq. Pluralism and Culture in Hashemite Iraq (Stanford University Press, 2009), est à la fois un approfondissement de sa contribution à l’histoire intellectuelle de l’Irak contemporain – son champ de recherche d’origine – et une incursion dans une histoire spécifique, celle des communautés juives du monde arabe, avant et après la création de l’État d’Israël. Entre 1941 et 1951, la communauté juive d’Irak, qui comptait plus de 150 000 membres, a presque totalement émigré vers Israël ou en Occident.

Alliant une connaissance approfondie de l’histoire de la région et la maîtrise des langues d’écriture et d’expression des acteurs (arabe, hébreu et bien entendu anglais), Orit Bashkin retrace une histoire complexe, celle d’une communauté juive arabe prise dans les turbulences d’une situation politique qui aboutit au départ de l’essentiel de la communauté pour Israël, laissant là-bas le fruit de générations et de générations de travail et ouvrant la porte à une impossibilité nouvelle: celle de parler de «Juifs arabes». Comme elle l’écrit elle-même dans son dernier chapitre, ce récit est l’histoire de la construction d’un oxymore: «The Arab Jew, once desired concept, had become an oxymoron» (p. 214).

Orit Bashkin ne fait pas une histoire généalogique, ni nostalgique, même si elle affirme la portée politique de l’exploration de cette question pour le temps présent. Le livre se clôt sur cet enjeu simple: «The alternative is not the construction of a false paradise of Arab-Jewish harmony, but simply to document and study periods [End Page 208] in which Jews and Arabs did not look at each others as enemies, but rather as neighbors, compatriots, and friends» (p. 237).

L’historienne se place au plus près des sources pour comprendre le jeu des différents acteurs: État irakien, politique britannique, expression des représentants des communautés, État d’Israël et, avant lui, mouvement sioniste, etc. Pour cela, elle a recours à une documentation diverse: journaux de l’époque en arabe et en hébreu, archives britanniques (Colonial Office, Foreign Office, Commonwealth and Foreign Offices, etc.) et sionistes (Agence juive, Jewish National Fund Records, Or Yehuda Archive, Yad Va-Shem – Oriental Collection), sources imprimées (rapports, textes littéraires, essais politiques, etc.). C’est la maîtrise de cette documentation qui lui permet d’écrire une histoire qui se tient loin des traditionnels récits surplombants sur le grand jeu moyen-oriental, où les acteurs ne sont que des jouets aux mains des puissances.

Le livre s’ouvre sur une description minutieuse de la voix de la communauté juive au sein de la construction étatique irakienne dans les années 1920-1930 («Visions of the Nation», p. 15 et suiv.) et son apport dans le débat intellectuel et politique de ces décennies fondatrices. Orit Bashkin insiste sur l’apport des Juifs à la culture arabe, à la littérature notamment et à la langue elle-même (p. 37); elle décrit avec beaucoup de précision ce lieu de rencontre des intellectuels, celui de l’État séculier, que tous souhaitent réinventer sous la forme moderne d’un État libéral où chaque citoyen jouirait de l’égalité des droits, quelle que soit sa communauté d’origine mais aussi son sexe. Parmi les points de rencontre entre les différentes communautés, il y a un anti-sionisme très largement majoritaire chez les Juifs irakiens.

Son récit se tient loin d’une vision nostalgique du désenchantement car les acteurs (nationalistes arabes, sionistes, communistes juifs arabes…) sont envisagés dans la complexité de leurs appartenances et pris dans les tiraillements imposés peu à peu par la situation politique interne (conflit avec la Grande-Bretagne, luttes entre partis…) et externe (en particulier, question palestinienne).

Ainsi en...

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