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  • Pandora et autres récits viennois by Gérard de Nerval
  • Bertrand Marchal
Gérard de Nerval, Pandora et autres récits viennois. Textes présentés, édités et commentés par Sylvie Lécuyer avec la collaboration d’Éric Buffetaud et de Jacques Clémens. (Textes de littérature moderne et contemporaine, 170.) Paris: Honoré Champion, 2014. 438 pp.

Avec Aurélia, et peut-être plus encore qu’Aurélia, Pandora est l’œuvre la plus problématique léguée par la mort prématurée de son auteur à la postérité éditoriale, et il fallut attendre les travaux de Jean Guillaume pour parvenir à un consensus, consacré par la nouvelle édition de la Pléiade qu’il dirigea avec Claude Pichois (Œuvres complètes, t. 3 (Paris: Gallimard, 1993)), sur le texte le plus conforme aux intentions de Nerval. La nouvelle édition que propose aujourd’hui Sylvie Lécuyer ne remet pas en cause cette reconstruction désormais canonique, mais elle n’en constitue pas moins un apport majeur. D’abord parce que cette édition, très richement annotée, est la première à exploiter un document nouveau, ignoré de la Pléiade: le manuscrit découvert par Jacques Clémens en 2005 de la publication (partielle) du Mousquetaire du 31 octobre 1854, ce qui permet, outre quelques corrections minimes — essentiellement de ponctuation et de disposition (alinéas), et une variante notable (pp. 197–98) — de reconstituer, avec les manuscrits déjà connus, la fabrique du texte. Ensuite parce qu’après avoir, dans une longue Introduction, retracé de la façon la plus précise la généalogie de la nouvelle de 1839 à 1854 et ses avatars successifs, elle fait précéder l’édition proprement dite de Pandora, conçue comme une suite aux Amours de Vienne, de l’ensemble des textes nervaliens se rapportant au séjour viennois. Enfin parce qu’elle la fait suivre de la plus complète documentation sur le sujet: en premier lieu la description et la transcription de tous les feuillets ou fragments de feuillets manuscrits, puis la correspondance et divers documents relatifs audit séjour, et enfin la reproduction photographique des manuscrits précédemment transcrits. Un seul regret: que ne soit pas évoquée, même succinctement, la fortune éditoriale posthume de Pandora, ce qui ne permet guère à qui n’est pas spécialiste de situer cette édition par rapport à ses devanciè res. Et une petite précision: à propos de ‘La grande ombre de l’Empereur planait sur l’assemblée joyeuse et je fredonnais moi-même: “Ô Richard!…”’ (p. 224), Lécuyer signale que dans le manuscrit ‘l’Empereur’ est suivi d’‘un mot biffé très serré à l’encre noire, illisible’. Ce mot illisible, c’est ‘Barberousse’, ce qui n’est pas indifférent dans une phrase qui évoque Richard Cœur de Lion (prisonnier de l’Autriche) quand on sait la proximité de ces deux compagnons de croisade dans l’imaginaire nervalien (voir ‘Tarascon’ et les manuscrits d’Aurélia). À cela près, cette somme philologique et documentaire est indispensable pour ceux qui ne se résolvent pas à mettre les énigmes des œuvres ultimes de Nerval sur le compte exclusif de la folie. [End Page 542]

Bertrand Marchal
Université de Paris-Sorbonne
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