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  • ‘La Bagatelle’ (1718–1719): A Critical Edition of Justus Van Effen’s Journal ed. by James L. Schorr
  • Ioana Galleron
‘La Bagatelle’ (1718–1719): A Critical Edition of Justus Van Effen’s Journal. Edited by James L. Schorr. (Oxford University Studies in the Enlightenment, 2014:11.) Oxford: Voltaire Foundation, 2014. viii + 344 pp.

Parmi les auteurs de ‘spectateurs’ (ces blogs du dix-huitième siècle), Justus Van Effen se distingue par la variété et la qualité de ses entreprises. Tonalité ironique explicitement revendiquée, spécificité de certains thèmes (en dépit de proximités évidentes avec toute une série d’écrits d’époque, et avec la littérature des moralistes en général) et même un format inhabituel se rejoignent pour faire de La Bagatelle, son second journal dans la [End Page 527] veine inaugurée par Addison et Steele, un texte à part. Parce qu’il écrit en terre hollandaise, Van Effen jouit d’une liberté d’expression qui lui permet de s’attaquer ouvertement à des sujets sensibles: il s’exprime ainsi sur les dogmes religieux et les mœurs du clergé, mettant, au passage, la monarchie héréditaire en question, dans le cadre d’une burlesque analyse des avantages et inconvénients du choix par le mérite pour l’exercice de la médecine ou du professorat. Tenant aux Lumières, le discours de Van Effen en livre cependant un profil assez différent. Exercice de la religion et du pouvoir ne deviennent pas chez lui des cibles privilégiées, mais restent intégrées dans une critique plus large des raccourcis du raisonnement sous toutes ses formes: préjugé, superficialité, paresse intellectuelle … Le combat, chez Van Effen, ne se mène pas (que) contre l’Infâme; il concerne les individus plutôt que les institutions, et la réforme qu’il vise est moins celle de la société, que celle des cœurs. En redonnant La Bagatelle aux lecteurs modernes, James L. Schorr complète un travail éditorial de remise de Van Effen sous les feux des projecteurs, commencé en 1986 avec la republication du Misanthrope (1711–12), et poursuivi en 2008 avec le Journal historique, politique, critique et galant (1719). L’édition, soigneusement collationnée sur les quatre témoins d’époque (recueils de 1718–19, 1722–24, 1742 et 1743), déconcertera quelque peu le lecteur par la non-dissimilation entre ‘quoi que’, et ‘quoique’ (que Van Effen écrit uniformément ‘quoi-que’). Les notes ne sont pas trop fournies; si l’on sait qu’il est parfois difficile de les multiplier pour des raisons d’espace, certains choix interrogent: pour aborder uniquement le domaine lexical, Schorr choisit d’expliciter ‘souris’ (‘sourire’), mais n’éclaircit pas des termes et des expressions dont le sens n’est pas immédiatement évident, et qui peuvent même prêter à confusion (‘méthode persique’, ‘attacher le mineur’, ‘à pur et à plein’, etc.). On peut aussi regretter l’absence d’une table des matières plus fournie, qui donne la pagination et les sujets des différentes ‘bagatelles’. L’index généré inclut, il est vrai, une série de thèmes, mais si l’on y trouve des entrées comme ‘évidence’, ‘héroïsme’ ou ‘patience’ (une occurrence chacune dans le texte), des sujets autrement plus fréquents, comme ‘coquette’ et ‘coquetterie’, n’y figurent pas, soulevant dès lors la question des principes de constitution de cette section du volume.

Ioana Galleron
Université de Bretagne-Sud
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