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  • ‘Et pour ce fu ainsi nommee’: linguistique de la désignation et écriture du personnage dans les romans français en vers du XIIe et XIIIe siècles by Vanessa Obry
  • Daniéla Capin
‘Et pour ce fu ainsi nommee’: linguistique de la désignation et écriture du personnage dans les romans français en vers du xiie et xiiie siècles. Par Vanessa Obry. (Publications romanes et françaises, 259.) Genève: Droz, 2013. 466 pp.

À travers une étude linguistique des désignations utilisées pour nommer le personnage de l’œuvre médiévale, Vanessa Obry montre que le matériau linguistique et son organisation contribuent à l’élaboration du personnage et que l’étude de celui-ci détermine, à son tour, l’interprétation de l’œuvre entière. Si cette démarche n’est pas nouvelle, l’ouvrage est, à notre connaissance, un des rares à mener une étude de la référence dans le cadre de l’œuvre médiévale. Le corpus principal comprend des récits non rattachés à la source arthurienne, déjà surexploitée, et inclut des textes dont les structures binaires impliquent des personnages complexes: les éditions critiques du Conte de Floire et Blanchefleur, Ille et Galéron et Galéran de Bretagne. Toute critique quant au choix pratiqué (nombre de textes, contraintes rythmiques des textes en vers, etc.) est aussitôt balayée par la constitution d’un deuxième corpus, très volumineux, sur la base de textes qui présentent des continuations par rapport aux textes du corpus principal ou sont d’inspiration proche. On regrettera cependant qu’il faille attendre la page 123 pour constater que l’auteur a consulté les manuscrits des éditions pour solliciter les variantes manuscrites et affiner les conclusions. Trois parties relancent la problématique. Dans la première, un inventaire des noms propres et noms communs des personnages répartis, à la suite des travaux de Philippe Hamon, en personnages référentiels et personnages anaphore montre des rapports entre la nomination et l’anonymat proches de ceux, observés par Danièle James-Raoul dans les œuvres de Chrétien de Troyes (Chrétien de Troyes, la griffe d’un style (Paris: Champion, 2007)); la fréquence des noms propres correspond à une stratégie discursive; le sens des désignateurs reflète les enjeux de l’écriture (les liens affectifs sont majoritaires dans Floire, alors que les liens de parenté dominent dans Ille). Éclairant la réflexion par des précisions méthodologiques basées sur les études les plus importantes consacrées à la référence, l’auteur énonce clairement son choix et impose des limites en laissant de côté les sujets zéro et les pronoms personnels, mais en élargissant son enquête à tous les éléments qui participent à la coréférence de façon prédicative ou attributive. Objet de la deuxième partie, leur usage définit la stratégie discursive propre à chaque œuvre. Les résultats poussent à s’interroger sur la dialectique de la nomination et la troisième partie revient sur le rôle du nom propre, démontrant que sa fréquence, supérieure aux besoins de désambiguïsation du référent, lui permet d’assumer d’autres rôles — mettre en exergue le héros, noter la progression à thème constant, délimiter des topoï, marquer des étapes du récit, distinguer le personnage de son image dans des passages ekphrastiques, créer l’asymétrie entre personnages masculins et féminins. Le pari formulé au début est gagné: si la transparence de la désignation dans Floire et Blanchefleur correspond à la stabilité des personnages, la recherche constante de la désignation adéquate dans Ille et Galéron impose des personnages plus complexes; dans Galéran l’adaptation imparfaite entre les désignateurs et le personnage suggère une recherche constante de l’identité, préfigurant le personnage de fiction. Sans imposer des généralisations pour tous les romans du treizième siècle, ce texte crée des pistes qui susciteront certainement des travaux postérieurs. [End Page 519...

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