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  • Remaking the Male Body: Masculinity and the Uses of Physical Culture in Interwar and Vichy France by Joan Tumblety
  • Arouna P. Ouedraogo
Remaking the Male Body: Masculinity and the Uses of Physical Culture in Interwar and Vichy France. By Joan Tumblety. Oxford: Oxford University Press, 2012. xiv + 257 pp., ill.

Ce livre analyse l’essor en France de la culture physique pour hommes entre 1920 et le milieu des années 1940. Basé sur une documentation abondante sur l’offre privée, publique et militaire de culture physique, recueillie aux archives et bibliothèque nationales, dans les archives militaires, les archives départementales et de la police à Paris, le livre décrit minutieusement le marketing de la culture physique pour hommes, regorgeant d’analyses et d’illustrations du matériel promotionnel, et sur la culture physique à l’Exposition de Paris de 1937. L’examen des programmes d’exercices privés, publics et militaires dans les bibliothèques spécialisées de l’INSEP et de l’école militaire permet à Joan Tumblety de montrer les différences, mais aussi les interactions et les similitudes entre des systèmes variés d’exercice. Mobilisant les ressources des archives municipales de Saint-Denis (une banlieue rouge de Paris qui promouvait la culture physique), et d’autres matériaux des partis communistes et socialistes et du gouvernement du Front Populaire sur l’aptitude physique des hommes, l’auteure met en question les présupposés que les adeptes de la culture physique étaient politiquement de droite. En étendant son étude aux années de Vichy, elle démontre que beaucoup des protagonistes de l’entre-deux-guerres entrèrent dans l’administration de Vichy et élaborèrent certaines de ses politiques. Santé corporelle et force sont les leitmotiv qui unissent instituts d’aptitude privés et gyms d’une part et médecins de l’autre; les officiels gouvernementaux et municipaux, relayés par les partis et factions politiques de gauche et de droite favorisent l’élaboration de programmes d’éducation physique et encouragent la préparation physique au service militaire. Analysant les arguments des promoteurs de la culture physique, Tumblety révèle leurs peurs concernant une masculinité (française) qui se fragilise et ne peut être régénérée qu’à travers la construction du muscle. Leurs peurs se fondent sur les théories de la dégénération, qui insistent sur l’effet de ramollissement que produit la civilisation, en raison notamment de la sédentarisation des métiers, des transports publics, de l’excès alimentaire, et du surmenage (surcharge de travail), en particulier le travail intellectuel dans le système scolaire. [End Page 433] Tumblety présente la position des adeptes de la culture physique comme doublement politique. D’abord, l’éducation physique destinée à transformer la masculinité renforce l’idée que la citoyenneté est proprement mâle et incarnée. A contrario, dans le discours public à propos d’une féminité incarnée, l’accent porte sur la menace d’une dépopulation et sur l’importance d’un corps féminin reproductif. De plus, l’idéal esthétique qui exclut les hommes de couleur maintient une hiérarchie raciale et exprime une forme d’anxiété impériale. Tumblety développe une analyse de classe très pertinente sur la nature essentiellement bourgeoise de l’aptitude (physique) des hommes et de la manière dont elle devait s’imposer aux hommes de classe ouvrière. Le mouvement de culture physique des hommes a eu une influence sur les organisations publiques et privées, mais son acceptation par un public large n’est jamais claire. Le livre cite les affirmations de groupes variés sur les adhésions en leur sein, mais à juste titre met en doute leur exactitude. Clairement, l’impact de toute la propagande sur la pratique populaire de la gymnastique et du bodybuilding a été faible. [End Page 434]

Arouna P. Ouedraogo
INRA
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