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Reviewed by:
  • Sfar So Far: Identity, History, Fantasy, and Mimesis in Joann Sfar’s Graphic Novels by Fabrice Leroy
  • Anne Cirella-Urrutia
Fabrice Leroy. Sfar So Far: Identity, History, Fantasy, and Mimesis in Joann Sfar’s Graphic Novels. Louvain: Presses Universitaires de Louvain, 2014. ISBN 9789462700062. Pp. 304. 59,00 €.

Leroy met en lumière dans son ouvrage critique et socioculturel l’œuvre graphique de Joann Sfar. Héritier d’une double culture juive ashkénaze et séfarade, titulaire d’une maîtrise en philosophie dont le mémoire est consacré au Golem, Sfar dramatise l’histoire et les traditions juives par le biais de la bande dessinée dès la fin des années 1990. Comment un auteur aussi versatile que Sfar met-il en valeur ce double héritage culturel dans le contexte d’une société française multiculturelle et postcoloniale? En quoi ses œuvres graphiques rendent-elles compte de cet héritage en tant que construction sociale et artistique sans la présomption de réduire la complexité de la question juive en France aux divers stéréotypes associés à cette communauté? C’est ce que propose Leroy tout le long des quatre chapitres qu’il érige avec un traitement des bandes dessinées exclusivement écrites et illustrées par Sfar lui-même. À partir d’analyses thématiques et esthétiques qui ciblent les aspects historiographiques et autobiographiques de ces œuvres, Leroy situe le concept de judaïcité tel que Sfar le formule en évoquant deux discours diamétralement opposés : celui qui relève d’une xénophobie (l’antisémitisme en France dès l’affaire Dreyfus) et l’autre qui met en relief un discours auto-ethnographique avec la présence d’une majorité ‘séfarade’ et une population juive venue principalement du Maghreb et d’Égypte; Sfar étant lui-même juif maghrébin. À la lumière de ces deux tendances, Leroy examine deux prototypes dans Pascin publié en six livrets de 2000 à 2002 et en un seul volume en 2005 : le duo de peintre juifs Jules Pascin (1885–1930) et Chaïm Soutine (1893–1943) qui échappent à leurs bourreaux russes dans un abattoir parisien et l’épisode « trois peintres juifs (réunis un soir de Kippour à Paris) » dont le peintre Chagall (1887–1985) est associé à ce trio persécuté. Dans la série Klezmer (2005) où la violence quoique ambivalente se perpétue, Leroy trace une généalogie de ces prototypes avec des personnages parodiques comme Yaacov le voleur (personnage inspiré du grand-père maternel de Sfar) et Vincenzo qui incarne le schlemiel, personnage de folklore gauche et timide. Il côtoie la question historique où la bande dessinée devient « lieu de mémoire » selon l’historien Pierre Nora, notion clé reprise par Mark McKinney, spécialiste de la bande dessinée franco-belge aux ÉtatsUnis. Il illustre cette notion avec la représentation de l’oppression hégémonique basée sur l’esclavage qu’il analyse de façon emblématique dans deux œuvres, Les Carnets d’Odessa (2007) et La comtesse Eponyme (2011), ciblant vingt planches dotées d’une esthétique expressionniste, voire cinématique. Leroy se penche sur les notions de mimesis et de métareprésentation introduites dans le chapitre un avec Pascin 4 (2000–2001) en tant que commentaires parodiques basés sur l’utilisation de scènes carnavalesques. Il fait aussi une grande place aux représentations des normes religieuses dans Pascin (1997–1999), Le chat du rabbin (2002–2006) et Chagall en Russie (2010–2011), biographie imaginaire du peintre. Cet univers « sfarien » est prolongé dans l’ultime chapitre avec l’étude du complexe du Golem dans l’univers métagothique de deux séries graphiques: Professeur Bell (tomes 1–5, 1999–2006) et Le bestiaire amoureux (tomes 1–4, 2007). Leroy y privilégie trois champs artistiques dont la peinture et la musique d’une part et la réinvention de personnages stéréotypés, parodiques et surnaturels d’autre part. Il analyse des créatures fantastiques comme le diable, le vampire, le fantôme, le sorcier, le loup-garou et le Golem et...

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