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  • Chateaubriand et les chosespar Franc Schuerewegen
  • Jean Balcou
Chateaubriand et les choses. Textes réunis et présentés par F rancS chuerewegen. ( Cahiers de recherche des instituts néerlandais de langue et de littérature française, 59.) Amsterdam: Rodopi, 2013. 172 pp.

Rien de plus alléchant que ce recueil de dix textes réunis par Franc Schuerewegen. Dès l’abord les illustrations de la couverture nous mettent en train: au centre, le vicomte et pair de France tout chamarré défié in finepar Alain Vaillant avec son ‘Chateaubriand ou [End Page 252]presque rien’, probable écho rageur au fameux ‘Chateaubriand . . . presque tout’ de Julien Gracq. Si le chat jaune (une chose) qui inspira Roland Barthes surgit naturellement dans l’Introduction, c’est la tête de cheval (une autre chose) à sa droite qui donne à notre metteur en scène le plaisir de tirer les conséquences politiques de l’hippophobe au zoophile. À la gauche du chat la première illustration est une simple chemise en attente d’un porteur et qui va le révéler à lui-même en le faisant changer de monde (Jean-Marie Roulin). En bas, encadrant Sa Grandeur, un tas de galets et un pin parasol. À Philippe Antoine d’entendre ces cailloux sous ses pas qui, dans leur innombrable anonymat, font entendre leur rôle dans la création. Il fallait évidemment un arbre pour illustrer l’autre versant, celui de l’homme des bois à côté du fils de la mer: en suivant le maître Jean-Pierre Richard, Roy Groen restitue notre Breton à sa vraie famille que sont les arbres pour retrouver ce qui, dans son arbre généalogique, le constitue arbre lui-même. Restent les autres contributions qui relèvent du voyage missionnaire. Arrêt forcé à Waldmünchen: pour passer le temps Chateaubriand se livre à une description minutieuse de son logis et dans ce nouveau ‘Voyage autour de ma chambre’ Philippe Berthier nous régale de ce plagiat anticipé de Robbe-Grillet. Si chez Philippe Antoine les cailloux prenaient la parole, à Nathalie Salomon de faire parler ‘les babouches de Constantinople’, qui sont dans leur innombrable silence une sourde protestation contre la tyrannie. Il est tentant de joindre à ces babouches ‘les chaussures de mon oncle’, empruntées par Karen Haddad à Alfieri que Chateaubriand pratique mais sans qu’il en parle, qu’ignore Proust qui ne connaît pas Alfieri, faites du moins ici pour rappeler ce que la madeleine doit à la grive. Pour sa part, Pierre Glaudes montre comment dans les Aventures du dernier Abencérageles objets, des monuments aux plantes et aux animaux construisent tout le récit pour déterminer une thématique faite pour que l’amour triomphe de la mort. Enfin, dans ‘Le poids des objets’ Maria Caraion dramatise les objets inanimés, qui ne prennent sens en se monumentalisant que par le souvenir: ainsi dans les livres 1 à 18 des Mémoires la démarche est la même du berceau à la guillotine. Merci à tous ces contributeurs de cet apport stimulant à notre connaissance de Chateaubriand.

Jean Balcou
Université de Bretagne Occidentale

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