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  • Un athéisme philosophique à l’âge classique: le ‘Theophrastus redivivus’, 1659par Nicole Gengoux
  • Miguel Benitez
Un athéisme philosophique à l’âge classique: le ‘Theophrastus redivivus’, 1659. Par N icoleG engoux. ( Libre pensée et littérature clandestine, 56.) Paris: Honoré Champion, 2014. 2 vols, 862 pp.

Nous voici devant un exercice scolastique d’apologétique athée, sous prétexte d’histoire. En effet, l’auteure voudrait prouver que l’exemple du Theophrastus redivivus, parmi d’autres, montre bien que l’athéisme était possible à l’âge classique, ce qui lui donnerait une histoire et par là même, paradoxalement, une ‘dimension d’éternité’ (p. 34). Même si elle affirme sans sourciller que son travail repose ‘sur l’examen précis du texte lui-même’ (p. 11), on comprend dans cette perspective que l’auteure ait jugé bon de remplacer le ‘texte lui-même’ par sa traduction. Pas une seule fois, elle n’a songé à citer le latin original. Par ailleurs, elle renvoie comme texte de référence à l’édition dite ‘critique’ parue en 1981, laquelle donne un texte composite, fabriqué à l’aide de différentes copies manuscrites localisées. Très souvent, en outre, on trouve entre guillemets des passages sans aucune référence. La démarche apparaît d’autant plus choquante que ce travail a d’abord été présenté pour l’obtention d’un doctorat à l’université. L’ouvrage s’ouvre sur une longue analyse du Theophrastus redivivus, les derniers chapitres interprétant à la lumière de l’histoire le naturalisme athée qu’il véhicule. Le texte étant rempli de contradictions, l’auteure a tenté de les concilier par une lecture entre les lignes qui perçoit des niveaux différents de sens et qui se fonde sur la démarche qu’elle prête à l’anonyme dans l’ensemble des six traités composant l’ouvrage: examen de la croyance, réponses à opposer aux arguments qui défendent cette croyance, établissement de ce que les sens prouvent être vrai. Le Theophrastus redivivuscontiendrait ainsi une ‘philosophie athée’ complète, tout [End Page 242]autant sur le plan de la connaissance que de la morale. Ce système philosophique, un naturalisme matérialiste qui s’abreuve à des sources de la Renaissance, tout en annonçant Spinoza, démontrerait avec rigueur la non-existence des dieux, l’éternité du monde, la mortalité de l’âme, l’imposture des religions, sur fond d’une morale enracinée dans la nature. L’anonyme tient cependant que la seule vérité à laquelle la raison naturelle puisse avoir accès est celle qui repose sur le témoignage immédiat des sens, le reste appartenant au domaine de l’opinion. On peut alors se demander si toutes les vérités censées avoir été prouvées dans les différents traités se placent exactement au même niveau, ou si elles ne seraient pas plutôt subsidiaires de la découverte de l’inexistence des dieux par des sens qui ne peuvent percevoir que des corps, comme l’anonyme le dit explicitement dans le préambule et dans la péroraison aux sages du temps. Étrangère à cette logique, qui ruinerait l’idée d’un système, l’auteure juge plutôt que la place centrale dans l’ouvrage clandestin revient au traité sur la religion. L’ouvrage contient une bibliographie exhaustive des travaux consacrés au Theophrastus redivivuset des ouvrages cités, et un index de noms.

Miguel Benitez
Universidad de Sevilla

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