In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Les dieux, les paroles et les hommes. Rituels dans une communauté maya du Chiapas by Hélios Figuerola Pujol
  • Rocío Noemí Martínez
Hélios Figuerola Pujol Les dieux, les paroles et les hommes. Rituels dans une communauté maya du Chiapas trad. par V. Delahegue, J.-L. Delahegue et C. Hannappe, Paris, Éd. de l’Ehess, [2010] 2011, 334 p et 8 p. de pl.

Cet ouvrage présente une enquête ethnographique détaillée, réalisée à Cancuc, village maya tzeltal du Chiapas. L’auteur indique s’être efforcé d’explorer la notion tzeltal de la personne depuis un point de vue ontologique, [End Page 1089] afin d’en découvrir la richesse, « de déceler les rapports, parfois conflictuels, que ces êtres [qui peuplent l’univers] entretiennent entre eux » et « de faire ressentir les liens indissolubles entre l’individu et le cosmos » (p. 285). Pour les Mayas de Cancuc, il existe différents types d’entités animiques, dont Hélios Figuerola Pujol entend souligner les liens étroits : l’oiseau du cœur, le ch’ulel qui a son double vivant dans les montagnes (ch’ulel du ch’iibal) et les lab, qui vivent le plus souvent à l’extérieur du corps et qui peuvent être des animaux, des phénomènes météorologiques (foudre, arc-en-ciel…), des objets ou des personnes comme l’obispo (évêque), le pale (déformation de « padre », curé) ou le profesol (professeur).

Dans les premiers chapitres, l’auteur présente la géographie physique et imaginaire de Cancuc (avec les ajaw, cavernes et puits d’eau situés dans les montagnes, où se trouvent les maîtres des ajaw, gardiens des ch’ulel et des lab), ainsi que son organisation sociale gérontocratique, supposée reproduire l’organisation des êtres surnaturels qui veillent sur les personnes. De même, il explique qu’à côté de la justice municipale constitutionnelle, il existe des autorités traditionnelles qui se réunissent chaque dimanche pour rendre la justice, d’une manière qui est réputée semblable à la justice exercée par les êtres surnaturels (associant la justice divine et le don, le majtanil).

Une des originalités de cette enquête ethnographique est l’utilisation de dessins réalisés par un petit-fils de Xun Díaz López, l’un des informateurs de l’auteur, qui constituent des sortes de cosmographies donnant à voir les caractéristiques des lab et d’autres êtres surnaturels, tels que les mères protectrices (mère tonnerre, mère de la montagne) ou les mèresmaladies (liées à des figures de femmes métisses). Pour rendre compte des espaces dans lesquels les êtres surnaturels agissent, H. Figuerola Pujol reprend et précise la traditionnelle division tripartite du cosmos maya avec, entre le monde d’en haut et le monde d’en bas, celui où habitent les hommes, c’està-dire le jamalal, perçu comme une portion de terre quadrangulaire et plane (le lum), où les habitants de Cancuc trouvent refuge. Leur survie dépend de la protection que leur offrentleurs ancêtres claniques (me’il-tatil), sous l’autorité desquels s’organisent les sociétés complexes qui vivent dans le ch’iibal. Selon l’auteur, « dans la clandestinité, [les me’il-tatil] éduquent et protègent patiemment et systématiquement le ch’ulel de chaque habitant de Cancuc » (p. 286), tandis que saint Jean, avec qui ils ont conclu un pacte, assure aussi cette fonction de protection. De manière surprenante, le schéma cosmologique fait apparaître les différentes espèces de lab comme appartenant à des niveaux distincts (pale et obispo, en haut, lab animaux et objets dans le jamalal, tandis que le ch’iibal des ancêtres relève du monde inférieur, où se trouvent aussi saint Jean et Juan Ortega, qualifié de messie1).

Au centre de l’ouvrage, on trouve la figure du ch’abajom, spécialiste de la connaissance des entités animiques et intermédiaire entre le monde surnaturel et celui des vivants. Les habitants de Cancuc recourent à lui pour réaliser les prières et les offrandes sacrificielles sp...

pdf

Share