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  • Une politique pontificale en temps de crise. Clément VII d’Avignon et les premières années du Grand Schisme d’Occident (1378-1394) by Philippe Genequand
  • Ralf Lützelschwab
Philippe Genequand Une politique pontificale en temps de crise. Clément VII d’Avignon et les premières années du Grand Schisme d’Occident (1378-1394) Bâle, Schwabe, 2013, 480 p.

Les jours cruciaux d’avril 1378 ont fait couler beaucoup d’encre. Lors du conclave, les votes des cardinaux se portèrent sur l’archevêque de Bari, Bartolomeo Prignano, qui prit le nom d’Urbain VI. Cinq mois plus tard, les cardinaux déclarèrent cet acte nul et non avenu et procédèrent à une nouvelle élection: Robert de Genève en fut le résultat. Sous le nom de Clément VII, il dut veiller sur le destin de la chrétienté. Dès lors coexistaient deux papes : le Schisme était né.

L’ensemble du pontificat de Clément VII a beaucoup moins retenu l’attention des historiens. Il est vrai que, après les quatre volumes de Noël Valois qui a admirablement brossé le tableau de cette époque1, rien de semblable n’a vu le jour. Avec sa thèse, Philippe Genequand n’avait pas l’intention de combler cette lacune, mais ce qu’il a accompli est tout à fait remarquable et contribue à une meilleure perception des premières années du Schisme. Au contraire d’une nouvelle histoire événementielle prenant en considération le plus de sources différentes possibles, l’atout de cet ouvrage réside dans la restriction (bien que ce substantif soit un euphémisme, vu la grande quantité de sources analysées). C’est la documentation curiale qui retient exclusivement son attention, et celle-ci se révèle particulièrement riche et variée. Les documents du pontificat de Clément VII restent pour la plus grande partie inédits à ce jour. Pour la première fois P. Genequand exploite globalement les sources de ce règne, prenant en compte les lettres pontificales et les suppliques, qu’il décrit très justement comme « de véritables monuments archivistiques » (p. 20). Pour donner une idée de l’envergure de cette entreprise : les registres des lettres comportent à peu près 84 000 pages, les registres de suppliques plus de 100 000 lettres en 35 volumes. Comment maîtriser une telle richesse de sources? En ce qui concerne les suppliques, l’auteur a pris une décision méthodologiquement défendable: il s’est résolu à analyser la politique bénéficiale de Clément VII sur les rôles, aux dépens des suppliques individuelles.

Dans un premier chapitre sont présentées les différentes catégories de sources curiales. Les chapitres suivants jettent un regard sur le personnage de Robert de Genève et sur le réseau familial et institutionnel sur lequel il pouvait s’appuyer, surtout sa familia cardinalice. Clément VII distribue trente-cinq chapeaux rouges tout au long de son pontificat. Le chapitre consacré à son Sacré Collège analyse minutieusement les différentes créations, surtout les multiples micro-créations dans lesquelles une seule personne fut élevée à la dignité cardinalice. P. Genequand peut apporter beaucoup de détails jusqu’à présent passés inaperçus, portant ainsi de substantielles corrections aux listes des cardinaux dressées par Conrad Eubel dans sa Hierarchia catholica. Grosso modo, la politique de création de Clément VII est conforme à celle de ses prédécesseurs – chaque cour royale qui lui était favorable a été payée en retour d’au moins un chapeau. Le fait que Clément VII nomme des personnages qui ne participent jamais au cœur de l’existence cardinalice – le consistoire – a nécessité des explications supplémentaires. L’évêque de Glasgow, Walter Wardlaw, en est l’exemple le plus éclatant. En nommant [End Page 1020] Wardlaw cardinal fin 1383, le pape crée un «super évêque» chargé du royaume d’Écosse – on ne l’a jamais attendu à la Curie. De cette façon, Clément VII favorise une « autarcie...

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