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Reviewed by:
  • Évêques entre Bourgogne et Provence. La province ecclésiastique de Vienne au haut Moyen Âge (Ve-XIe siècle) by Nathanaël Nimmegeers
  • Aurélien Le Coq
Nathanaël Nimmegeers Évêques entre Bourgogne et Provence. La province ecclésiastique de Vienne au haut Moyen Âge (Ve-XIe siècle) Rennes, Pur, 2014, 402 p. et 8 p. de pl.

L’ouvrage que Nathanaël Nimmegeers consacre à la province ecclésiastique de Vienne et à ses évêques est une version remaniée de sa thèse de doctorat. Ce travail s’inscrit dans le cadre des études renouvelées sur les circonscriptions ecclésiastiques - paroisse, diocèse, province –, pour certaines héritées de l’époque romaine, mais qui ont connu de nombreuses évolutions durant le haut Moyen Âge. Ces circonscriptions, en particulier le cadre provincial, représentent un élément pratique mais rarement étudié en tant que tel, à l’aune de leur pérennité présupposée, selon un postulat aujourd’hui battu en brèche par la recherche.

Cet ouvrage comble incontestablement un vide historiographique, car l’échelon métropolitain n’a été que très peu questionné et déconstruit jusqu’à présent. En outre, ce travail redonne de sa valeur à la province de Vienne, dont le poids et le prestige, aujourd’hui méconnus, étaient si importants au Moyen Âge. Pour ce faire, l’auteur a mobilisé et exploité avec grand talent des sources abondantes et variées : narratives - comme la chronique de l’archevêque Adon de Vienne –, normatives, épigraphiques, hagiographiques - comme les vies de saint Sévère, saint Ferréol ou saint Avit –, liturgiques - comme le Martyrologe d’Adon –, archéologiques et, enfin, diplomatiques - la province comptant de nombreux cartulaires, comme celui de Saint-André-le-Bas ou ceux de Grenoble. N. Nimmegeers fait preuve d’une grande rigueur méthodologique, d’une part en confrontant systématiquement les échelles - cité, diocèse, province - pour souligner la cohérence de la circonscription viennoise, d’autre part en n’omettant pas le substrat individuel et humain. L’étude de cent trente-quatre évêques et archevêques durant six siècles donne une importante épaisseur humaine à ce travail et permet de mesurer en quoi la politique de certains prélats a pu peser sur les structures métropolitaines.

La province est composée, durant l’essentiel de la période, des diocèses de Vienne, Genève, Grenoble et Valence. En effet, entre la fin du VIIIe et le début du IXe siècle, elle perd les deux diocèses alpins de la Tarentaise et de Maurienne. Les premières traces des prélats de la province remontent au IVe siècle (314 à Vienne, 374 et 381 à Valence et Grenoble). Les années 1070 sont marquées par la mort de Léger de Vienne (1070) et de Frédéric de Genève (1073), et par l’arrivée de prélats au profil nouveau, dans le cadre de l’accélération du processus réformateur mené par le pape Grégoire VII (1073-1085), comme l’archevêque Guy de Bourgogne (1088-1119) à Vienne et l’évêque Hugues de Châteauneuf (1080-1132) à Grenoble. Le contexte géographique et historique est, de fait, particulièrement bien balisé et maîtrisé.

La première partie s’intéresse aux « structures de la province de Vienne ». L’auteur s’attache à montrer comment la province a construit son homogénéité au milieu des événements politiques, de la domination burgonde à la période carolingienne en passant [End Page 1006] par la domination franque à partir de Charles Martel. Durant toute la période qui court du milieu du IXe siècle à 1032, les archevêques de Vienne doivent lutter pour maintenir leurs prérogatives et faire valoir l’unité provinciale derrière eux. L’évolution politique profite aux évêques suffragants. Pour contrecarrer ce processus, les archevêques forgent un corpus important et s’investissent dans les affaires du siècle pour peser sur les structures politiques. Ainsi, l’archevêque Burchard obtient le comitatus de Vienne en 1023, tandis...

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