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  • Los niveles de vida en España y Francia (siglos XVIII–XX). In memoriam Gérard Gayot ed. by Gérard Chastagnaret et al.
  • Cédric Perrin
Gérard CHASTAGNARET, Jean-Claude DAUMAS, Antonio ESCUDERO, Olivier RAVEUX (dir.). – Los niveles de vida en España y Francia (siglos XVIII–XX). In memoriam Gérard Gayot. Alicante, Publicaciones de la Universidad de Alicante / Publications de l’Université de Provence, 2010, 390pages.

Au cours des quarante dernières années, les historiographies espagnoles et françaises ont réalisé de notables avancées en matière d’histoire économique en s’intéressant souvent aux mêmes problématiques et avec des références communes. Mais elles ont cheminé chacune de leur côté sans se rencontrer. Du côté français, en dehors de quelques spécialistes, le grand dynamisme de l’histoire économique espagnole est resté, jusqu’à très récemment, largement méconnu. Le Comité franco-espagnol d’histoire économique s’est constitué, à la suite d’une première rencontre en 2002, avec l’ambition de rapprocher les historiens économistes de nos deux pays. L’ouvrage intitulé Los niveles de vida en España y Francia (siglos XVIII–XX). In memoriam Gérard Gayot, publié en 2010 par les universités d’Alicante et de Provence, rassemble quinze communications, rédigées en espagnol et en français, présentées lors d’un atelier qui s’est tenu à Aix-en-Provence les 14 et 15 juin 2008. En tant que président de l’Association française d’histoire économique, Gérard Gayot, disparu au début de l’année 2009, fut l’un des grands animateurs de ce comité et ce livre est dédié à sa mémoire.

Une partie des contributions se retrouve dans le choix d’aborder les niveaux de vie par la démographie. Héctor García Montero, après avoir présenté les différents indicateurs utilisés pour évaluer le niveau de vie des Espagnols de l’Ancien Régime, défend l’intérêt de l’anthropométrie en s’appuyant sur une source neuve : les Padrones de Alistamiento de 1808. Il peut grâce à eux montrer une diminution de la stature moyenne des individus à la fin du XVIIIe siècle. En s’insérant dans la lignée de la nouvelle histoire anthropométrique, José Miguel Martínez Carrión et Javier Puche Gil retracent la progressive croissance de la stature des Espagnols jusqu’en 1980. Lente au XIXe siècle, et même interrompue au milieu du siècle, elle est plus forte après 1950. Cette progression s’accompagne d’une réduction de l’écart entre les régions espagnoles et d’une récupération de l’écart avec la France. Au XIXe siècle, l’importance des maladies infectieuses, notamment chez les jeunes enfants, a retardé la diminution de la mortalité et la population espagnole a la même espérance de vie en 1908 que celle de la France en 1836 (Roser Nicolau). L’écart ne s’estompe [End Page 117] réellement qu’à partir des années 1960. Depuis, les deux pays font partie des pays à faible mortalité, tandis que les causes de la mortalité par maladie ont évolué. Le bilan des études agraires en Espagne (María Teresa Perez Picaso) rappelle l’importance du monde rural dans ces transformations et notamment les effets des réformes libérales du XIXe siècle qui bouleversent l’ancien système agraire et mettent en difficulté les paysans espagnols qui se paupérisent jusque vers 1890. Du côté français, une étude statistique du « gain statural » met en évidence des corrélations avec, d’une part, les progrès de la consommation de viande et de lait et, d’autre part, des facteurs socioculturels comme l’alphabétisation (Laurent Heyberger), bien que leur rôle précis reste encore à éclaircir. Dans un contexte de mondialisation du régime alimentaire, la transition nutritionnelle espagnole comparée au cas français fait apparaître deux grandes phases au cours desquelles les viandes et les sucres viennent...

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