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  • La Fauconnerie à la Renaissance: le ‘Hieracosophion’ (1582–1584) de Jacques de Thou ed. by Ingrid A. R. De Smet
  • Virginie Leroux
La Fauconnerie à la Renaissance: le ‘Hieracosophion’ (1582–1584) de Jacques de Thou. Édition critique, traduction et commentaire par Ingrid A. R. De Smet. (Bibliotheca cynegetica, 7; Travaux d’humanisme et Renaissance, 520.) Genève: Droz, 2013. x + 692 pp., ill.

Considéré comme un important témoignage de la culture cynégétique de son temps, le Hieracosophion reproduit en trois livres de vers latins la structure typique des traités de fauconnerie en prose, parcourant d’abord les espèces des oiseaux, puis leur régime hygiénique, leur affaitage ainsi que la pratique de la volerie et enfin les soins médicaux. Ingrid De Smet en présente la première édition critique et la première traduction française, également la première en langue moderne depuis la traduction italienne du Vénitien Gian Pietro Bergantini, parue en 1735. L’ouvrage s’ouvre sur un portrait social et biographique de l’auteur, éminent homme de lettres qui exerça dès 1594 la fonction de Maître de [End Page 92] la Bibliothèque du roi et fut notamment l’un des négociateurs de l’édit de Nantes. La poésie fut pour lui un instrument indispensable de promotion sociale et d’intégration comme en témoigne la présence au sein du Hieracosophion d’un vibrant éloge du duc d’Anjou et d’un long panégyrique du maréchal François de Montmorency, fils du connétable Anne de Montmorency et grand amateur de la chasse au vol. De Smet livre une passionnante étude sociologique qui rend compte de l’attrait de la chasse pour les rois, les prélats, les nobles et les parlementaires, et elle décrit avec précision les enjeux économiques liés au circuit international d’oiseaux et de fauconniers. Partie intégrante de la vie de cour et de l’éducation des nobles, la chasse permet la démonstration d’une magnificence qui sied aux grands, qu’ils soient laïcs ou ecclésiastiques. Rabelais accorde ainsi une place d’honneur à la chasse au vol, notamment dans l’épisode de l’Abbaye de Thélème. Si la chasse fut l’objet de critiques, en particulier dans le camp des réformés, visant à la fois les dépenses excessives qu’elle occasionne et la cruauté de la mise à mort des animaux, son importance est attestée par l’architecture, les arts décoratifs et les bibliothèques royales et princières. Les poètes rivalisèrent sur ce thème qui leur permettait d’illustrer les prescriptions des arts poétiques de la Pléiade préconisant l’enrichissement du style littéraire au moyen du jargon technique. De Smet situe le poème de de Thou dans la production scientifique du temps et montre qu’il se nourrit à la fois des traités cynégétiques antiques et contemporains et de la poésie classique. L’ouvrage rend compte des états du texte et fournit un apparat d’autant plus précieux que le poème a souvent été retouché. La traduction, élégante, restitue une saveur cynégétique par le choix de termes techniques, sans que ce soit au détriment de la clarté. Un riche commentaire comprend des explications des realia, des observations concernant l’expression poétique de de Thou, des éclaircissements sur les variantes textuelles et des remarques sur la fauconnerie. Des index, notamment un index ornithologique et technique et un index de la pharmacopée du Hieracosophion, viennent compléter cette magistrale édition qui séduira les lettrés tout autant que les amateurs de chasse.

Virginie Leroux
Nogent-Sur-Marne
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