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Reviewed by:
  • Epic Arts in Renaissance France by Phillip John Usher
  • Bruno Méniel
Epic Arts in Renaissance France. By Phillip John Usher. Oxford: Oxford University Press, 2013. xii 253 pp., ill.

Phillip John Usher, éminent spécialiste de la poésie épique française de la Renaissance, s’intéresse dans cet ouvrage aux échanges qui s’établissent, du début du seizième siècle au début du dix-septième, entre la poésie et les arts. Les ‘arts épiques’ sont l’émail, le dessin, la gravure, la peinture, la sculpture, la tapisserie, l’architecture, dès lors qu’ils représentent des scènes racontées par l’épopée — qu’il s’agisse des grands poèmes antiques ou d’œuvres contemporaines. Or si la poésie offre aux arts des sujets, les artistes fournissent aux poètes des représentations et, en proposant une lecture particulière de l’epos, ils le rendent problématique. Cet échange est facilité par le fait que poètes et artistes appartiennent au même milieu puisqu’ils dépendent tous de protecteurs, qu’ils ont la littérature classique en partage et qu’ils l’appréhendent à travers les mêmes commentaires. Cette proximité a pu susciter entre eux un ‘competitive spirit’ (selon Frances Yates, citée à la p. 19), autrement dit une émulation. Le premier chapitre évoque les panneaux peints des coffres de mariage italiens du seizième siècle, puis examine trois galeries: la Galerie d’Ulysse à Fontainebleau, la galerie du château d’Oiron, en grande partie inspirée par l’Énéide, et la galerie du château d’Ancy-le-Franc, qui s’appuie sur la Pharsale de Lucain. Ces galeries ont été commandées par des mécènes, et leurs programmes iconographiques ont été guidés par l’interprétation que les commentaires, les traductions et les illustrations donnaient des épopées concernées. Les trois autres chapitres portent au contraire sur la relation qu’ont entretenue trois poètes avec les arts. Le deuxième traite de la composition par Étienne Dolet des Fata (1539)—suivis d’une traduction en prose sous le titre de Gestes (1540) —, un poème historico-épique qui, tentant de surmonter les effets du désastre de Pavie, transpose l’esthétique allégorique de l’école de Fontainebleau. Le troisième chapitre étudie la réception de la Franciade de Ronsard chez les artistes: ce poème héroïque pourrait avoir inspiré la façade du nouveau Louvre, dessinée par Pierre Lescot et Jean Goujon; il procure le thème d’une entrée royale de Charles IX et de la décoration par le peintre Toussaint Dubreuil d’un château d’Henri IV. En s’appuyant notamment sur la place que fait Agrippa d’Aubigné au Palais de justice de Paris et à la Sainte-Chapelle, au Louvre et aux Tuileries, le quatrième chapitre défend l’idée que les Tragiques s’approprieraient des structures artistiques pour les détruire. Le bel ouvrage d’Usher a le mérite de proposer une approche globale de l’esthétique de la Renaissance, qui ne devrait pas être segmentée, car elle fait dialoguer les arts entre eux. Plus encore qu’à découvrir de nouvelles œuvres, il nous invite à jeter sur des œuvres bien connues un regard nouveau. On ne peut qu’admirer un tel travail d’érudition.

Bruno Méniel
Université de Nantes
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