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Reviewed by:
  • Beckett and Animals ed. by Mary Bryden
  • Claire Lozier
Beckett and Animals. Edited by Mary Bryden. Cambridge: Cambridge University Press, 2013. xvi + 230 pp.

S’inscrivant dans la lignée relativement récente des animal studies, ce volume édité par Mary Bryden est le premier livre entièrement consacré à l’étude des animaux dans l’œuvre de Samuel Beckett. Il développe ainsi les travaux menés au début des années quatre-vingt par Steven Connor (‘Beckett’s Animals’, Journal of Beckett Studies, 8 (Automne 1982), 29–44) et, plus récemment, Shane Weller (‘Not Rightly Human: Beckett and Animality’, in Borderless Beckett/Beckett sans frontières, éd. Minako Okamuro et al. (Amsterdam: Rodopi, 2008), pp. 211–22). Ces deux auteurs figurent sans surprise parmi les contributeurs de l’ouvrage auquel ils apportent deux des études les plus [End Page 564] abouties et les plus passionnantes (respectivement sur la signification des mouches chez l’écrivain irlandais et sur le processus comparé d’animalisation chez Kafka et Beckett). Le livre est divisé en deux parties. La première est composée de sept chapitres interrogeant le rôle joué par les animaux, l’animalité et l’animalisation dans l’œuvre de Beckett, tandis que la seconde, qui contient neuf chapitres, s’intéresse à la présence d’animaux spécifiques (les cochons, les chats, les mouches, les chevaux, les abeilles, les chiens, les moutons, les ours et les perroquets). Chacune à leur manière, ces contributions mettent en évidence la labilité de la séparation ébranlée par Beckett entre animal non-humain et animal humain pour mieux l’analyser. Il apparaît ainsi que l’œuvre de Beckett, qui se révèle véritable ménagerie, fait vaciller deux importants piliers de notre définition de l’homme: le contrôle du logos, dont la dotation sert, depuis Aristote, à distinguer entre l’humain et le non-humain, et la hiérarchie entre les espèces instaurée par l’Ancien Testament. Redéfinissant ce qu’être homme veut dire, cette œuvre se constitue en véritable expérience liminale qui a pour nom littérature. Pour mener l’analyse, les différentes contributions lisent Beckett à la lumière des penseurs ayant interrogé la relation entre animal humain et non-humain auxquels Beckett lui-même s’est intéressé (parmi lesquels ‘Descartes, Montaigne, Pascal, Pavlov, Woodworth, Watson, Schopenhauer, Spinoza and Darwin’, p. 3), à l’aune des recherches expérimentales dont Beckett avait connaissance (en particulier The Dance Language and Orientation of Bees de Karl von Frisch, paru en 1967, et The Mentality of Apes de Wolfgang Köhler, publié en 1907), en rapport avec ses manuscrits (comme le fait Bryden en étudiant le bestiaire dessiné par Beckett en regard de ses textes), et en relation avec les études plus récentes sur notre rapport à l’animal (notamment celles de Deleuze et Guattari, Cary Wolfe, Giorgio Agamben, J. M. Coetzee et Derrida). Si les réflexions attendues sur le devenir- et le penser-animal deleuziens sont au rendez-vous (et sont, pour la plupart, tant éclairantes que fascinantes), c’est néanmoins la perplexité de Derrida nu et honteux devant son chat (exprimée dans L’Animal que donc je suis) qui est l’outil d’analyse revenant le plus fréquemment sous la plume des auteurs (l’étude de Linda Ben-Zvi consacrée aux chats qui sont en pénurie chez Beckett est, à cet égard, particulièrement intéressante). Beckett and Animals est un très beau livre qui, au-delà de ses mérites intellectuels, rend un bel hommage à l’humanité de l’animal Beckett.

Claire Lozier
University of Leedss
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