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Reviewed by:
  • A King Travels: Festive Traditions in Late Medieval and Early Modern Spain by Teofilo Fabian Ruiz
  • François Foronda
Teofilo Fabian Ruiz
A King Travels: Festive Traditions in Late Medieval and Early Modern Spain
Princeton/Oxford, Princeton University Press, 2012, XV-356 p.

L’historien américain d’origine cubaine Teofilo Fabian Ruiz est bien connu du public français, grâce, notamment, à deux articles publiés dans les Annales : le premier sur la non-sacralité de la monarchie castillane (1984), le second sur le déploiement festif de mai 1428 à Valladolid (1991), où le privé de Jean II de Castille, Don Álvaro de Luna, s’employa à mettre en scène un triomphe monarchique qui célébrait en même temps sa propre victoire contre le parti des cousins du roi, les infants d’Aragon. Ces articles alimentèrent le débat sur la sacralité du pouvoir royal en Castille. Au-delà, ils représentèrent une contribution marquante à la discussion portant sur le sens à donner à la ritualisation du pouvoir, dont un moment majeur fut la critique par Alain Boureau de la lecture univoque de l’école cérémonialiste américaine 1.

Les rituels, les déploiements festifs et la symbolique du pouvoir sont à nouveau au cœur de l’ouvrage de T. Ruiz, lequel fait figure de retour aux sources, ce dont témoigne l’appendice consacré aux célébrations vallisolétaines de 1428. Le point de départ est cependant bien plus tardif : les voyages de Philippe II d’Espagne dans les royaumes de sa couronne d’Aragon en 1584-1585 et 1592. Contemporain et comparable, même si d’une autre dimension spatiotemporelle, le tour de France de Charles IX avait donné lieu à une analyse modélique que n’avait pas manqué de saluer Bernard Lepetit dans les Annales2. Mais en faisant du tour de Philippe II le prétexte d’un propos sur les traditions festives en Espagne du milieu du XIVe au milieu du XVIIe siècle, T. Ruiz présente un [End Page 813] livre peu convaincant. L’intention n’est pas en cause. Déconstruire un objet, identifier les différents éléments qui le configurent, remonter les chaînes de leurs précédents, contextualiser ces maillons, et tenter ainsi tant de souligner leur sens changeant que de les replacer dans une perspective de longue durée constitue un beau programme. Mais la mise en œuvre est loin de répondre à l’ambition affichée, pour deux raisons structurelles : un plan d’ouvrage déroutant et une pratique du remploi discutable.

Le plan tout d’abord. Le tour royal de Philippe II n’est analysé qu’à partir du cinquième chapitre. Le traiter d’emblée aurait permis à l’auteur de mieux justifier les choix des remontées (quelques tableaux et statistiques étaient envisageables) qu’il opère pour illustrer les entrées royales, la fête chevaleresque, les combats simulés et autres «entremets » guerriers, le carnaval ou encore la fête du Corpus Christi. Apparaissant trop tardivement, le tour de Philippe II force le lecteur à prendre un chemin de supposées traditions festives dont le tracé se perd à force de redites, de renvois vers des étapes déjà passées et d’autres à venir, ou encore d’allers-retours temporels qui, parfois, lui font dévaler des pentes anhistoricistes.

Le remploi ensuite. Les compilations d’articles sont un genre utile. Elles permettent aux lecteurs un accès plus aisé à une réflexion dont le suivi peut être rendu malaisé par la dispersion éditoriale. Pour l’historien, c’est l’occasion de marquer un arrêt, d’ordonner sa production et de souligner certains axes de ses recherches. Mais ce genre ne va pas sans transparence. Elle fait défaut ici, alors même qu’une bonne part de l’ouvrage reprend, réagence et réécrit des réflexions et des travaux déjà publiés. On ne peut reprocher à T. Ruiz d’avoir de la constance dans ses thèmes de recherche, mais elle vire trop souvent ici à l’auto-copier-coller. Le lecteur comparera ainsi certains passages de ce King...

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