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  • Il governo di ogni giorno. L’amministrazione quotidiana in uno Stato di Antico Regime (Lucca, XVII-XVIII secolo) by Matteo Giuli
  • Eleonora Canepari
Matteo Giuli
Il governo di ogni giorno. L’amministrazione quotidiana in uno Stato di Antico Regime (Lucca, XVII-XVIII secolo)
Rome, École française de Rome, 2012, 588 p.

Le thème des relations entre la ville de Lucques et sa campagne aux XVIIe et XVIIIe siècles est au cœur de cet ouvrage issu d’une thèse. L’objectif est double, à la fois local et général. D’un côté, il s’agit de comprendre comment les dynamiques de pénétration du pouvoir urbain lucquois dans son territoire rural (contado) ont contribué au maintien de l’autonomie et de l’indépendance de la petite et faible République de Lucques. De l’autre côté, son cas est, selon l’auteur, exemplaire, capable d’apporter des éclairages sur l’exercice du pouvoir public dans les sociétés d’Ancien Régime.

Matteo Giuli inscrit son ouvrage dans le cadre du débat historiographique sur la formation de l’État moderne, plus particulièrement dans la continuité des travaux – tels ceux de Giovanni Levi et d’Osvaldo Raggio – qui ont opposé au modèle de la « territorialisation » (centralisation du pouvoir à travers son extension progressive de la ville au territoire rural) une approche « multilatérale » (pluralité des acteurs et influence réciproque entre centre et « périphérie »). C’est dans ce cadre que l’auteur choisit d’étudier les relations ville-campagne comme un angle d’observation privilégié pour reconstruire le fonctionnement de l’administration de la République de Lucques. Pour ce faire, il s’intéresse à trois aspects spécifiques de ces relations : la politique alimentaire de l’État, l’endettement du contado et la conflictualité rurale.

Du point de vue chronologique, l’analyse se concentre sur une période de cent ans environ, qui commence dès les années 1630-1640. C’est à partir de ce moment que l’administration économique et politique de la République fait l’objet d’une série de changements, à la fois normatifs et institutionnels, visant à renforcer le pouvoir urbain sur le territoire rural. Cette période est marquée par des événements cruciaux, tels que la peste de 1630-1632, la crise de l’industrie de la soie et le déclin démographique, et par l’aboutissement du processus de fermeture oligarchique de la République, commencé au cours de la première moitié du XVIe siècle.

À travers une description détaillée du fonctionnement de l’administration de Lucques, l’auteur met en évidence l’existence de certains principes qui régissent la cité et qui en assurent l’autonomie. Le premier est celui du maintien de l’ordre et de la « paix sociale » comme garantie de la libertas aristocratique. Ce principe relève de la conception juridique de l’État considéré, à l’époque, comme un ensemble de groupes, corps et communautés, dont la cohabitation pacifique doit être l’objectif principal de l’administration centrale. Pour la République de Lucques, l’enjeu de l’ordre social est lié à son existence en tant qu’entité politique autonome. La conflictualité interne était en effet perçue comme un facteur d’affaiblissement, car elle aurait pu être utilisée et manipulée par les puissants voisins pour pénétrer militairement dans le territoire. Cette idée directrice est à l’œuvre dans plusieurs secteurs de l’administration, dont le plus important est probablement l’annone. Soucieuse d’éviter la famine, afin de préserver le statu quo, la noblesse municipale, qui siège dans la magistrature de l’Abbondanza, prête une attention extrême au ravitaillement en blé et à la production et distribution du pain. Ce contrôle est rendu possible par la mise en place d’une véritable structure de police, dont la cible principale est le florissant système de contrebande. Le même souci caractérise l’action de l’Offizio sopra i possessi turbati, qui gère les conflits [End Page 810] li...

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