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Reviewed by:
  • Firenze e il profeta. Dante fra teologia e politica by Elisa Brilli
  • Antonio Montefusco
Elisa Brilli
Firenze e il profeta. Dante fra teologia e politica
Rome, Carocci, 2012, 383 p.

Parmi les nombreux thèmes rebattus par la littérature scientifique autour de Dante Alighieri et de la Divine Comédie, celui du rapport entre le poète et sa ville natale est l’un des plus fréquents, et présente une variété de solutions interprétatives qu’il semble aujourd’hui impossible de maîtriser. Véritable deutéragoniste du principal ouvrage dantesque, Florence est l’un des points vitaux de la discussion sur l’auteur italien. Le premier mérite du riche volume d’Elisa Brilli consiste à démontrer la position privilégiée de la cité toscane à travers son œuvre, tant sur le plan politique que sur le plan historique (dans la mesure où l’on concède à Dante, suivant en cela Charles Davis, une véritable «philosophie de l’histoire » qui en fait un unicum dans la tradition municipale).

Pourtant, histoire et politique n’épuisent pas l’ombre que jette la ville sur la réalisation concrète du projet intellectuel de Dante. C’est encore Florence qui influe de manière décisive sur la construction de son propre personnage comme auctor et, en particulier, sur la construction de cette auctorialité à l’aide des instruments du prophétisme. La ville natale est toujours un élément important pour la définition de la structure idéologico-théologique du poème, dans laquelle E. Brilli introduit des éléments notables dérivés d’Augustin, contre [End Page 801] une vulgate critique bien établie (dont elle offre une « déconstruction » point par point). Enfin, cette structure se caractérise par certaines ambiguïtés, faiblesses, ou plutôt, comme aime à le dire l’auteure, « dissonances ».

Cette approche expérimentale ardue rend certainement la lecture du livre complexe. Toutefois, l’auteure développe une thèse fondamentale qui devra être mise à l’épreuve du texte par les études futures. Il s’agit de l’incidence du paradigme augustinien de la civitas diabuli sur la définition de l’identité de Florence par Dante. Cette incidence possède une historicité interne qui coïncide, approximativement, avec une évolution de la pensée dantesque sur sa ville, laquelle change de manière décisive au début du XIVe siècle, lors de la mission italienne d’Henri VII. E. Brilli y situe en particulier « la greffe sur la représentation de Florence comme civitas diabuli [...] de la version négative de Rome, d’ascendance augustinienne et revisitée à des fins anti-impériales au début du XIVe siècle par les théoriciens de la théocratie pontificale, avec la critique des rapports entre Florence et Rome, comme ils étaient formulés dans le contexte municipal du XIIIe siècle » (p. 194).

En d’autres termes, au lendemain de son bannissement (1302), Dante soumet sa vision de la cité toscane à une forte révision. Celleci s’exprime pour la première fois dans le De vulgari eloquentia et dans la réécriture dantesque du mythe de Babel et de la confusion linguistique, où émerge une vision «citadine » du mythe biblique, car la confusio des langues comporte une division entre les différents métiers. Cette confusio est à la base d’une sorte de contre-attaque envers une communauté municipale où la coopération des groupes productifs peut être orientée vers de mauvais objectifs. C’est l’une des caractéristiques de la civitas diabuli, laquelle devient, pour E. Brilli, un point de référence idéal dans l’interprétation de la cité toscane ; interprétation qui, dans les épîtres du début du XIVe siècle, s’enrichit de l’analogie avec Babylone, pour s’approcher, dans le chant XVI du Paradis, d’une sorte de superposition entre Babel, Sodome, Babylone et Florence, se définissant à la fois comme modèle néo-romain et anti-romain. Ici, en effet, l’ancêtre de Dante, Cacciaguida, propose une relecture de l’histoire de Florence...

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