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Reviewed by:
  • Messina tra Umanesimo e Rinascimento. Il « caso » Antonello, la cultura, le élites politiche, le attività produttive by Salvatore Bottari
  • Henri Bresc
Salvatore Bottari
Messina tra Umanesimo e Rinascimento. Il « caso » Antonello, la cultura, le élites politiche, le attività produttive
Soveria Mannelli, Rubbettino, 2010, 233 p. et 8 p. de pl.

Le livre de Salvatore Bottari illustre les qualités de l’historiographie italienne, méridionale en particulier, et sicilienne, ainsi que les contraintes à travers lesquelles elle se meut. Formés à l’école rigoureuse du lycée classique, aux langues, à une solide discipline philosophique et souvent au droit, les historiens du Sud accusent en revanche un déficit en géographie. La coutume ne laisse guère de liberté d’initiative : il faut passer par le long tunnel de l’exposé historiographique, résumer et critiquer une longue théorie de maîtres et de collègues, à défaut de chercher dans les archives la vérification d’une idée nouvelle, et le cadre de l’étude est souvent encore l’espace municipal. S. Bottari offre ainsi une énorme et très utile bibliographie sur Messine, dont il recherche les valeurs et l’originalité pour les opposer au reste de la Sicile. Mais les archives sont pauvres, ruinées par le tremblement de terre de 1908 et peu fréquentées.

Au départ, donc, le « miracle Messine » du XVIe siècle, une ville du Nord dans ce Sud profond, un grand peintre, Antonello, quelques grands humanistes, érudits et savants, un port qui sert de plate-forme aux trafics du Levant, un artisanat, une industrie de la soie. Selon la formule de Gino Luzzatto, « en Sicile seule compte Messine ». Ce tableau, quelque peu idéalisé, conduit S. Bottari à une triple recherche : d’abord sur le fait culturel, le point de rupture avec le Moyen Âge et le degré d’ouverture et d’adhésion de la cité du détroit au mouvement polyphonique et polycentrique de la Renaissance, puis sur l’originalité de l’économie de la cité et de sa région, enfin, sur la nature de l’élite qui en dispute le pouvoir au popolo et s’oppose à Palerme et à la monarchie espagnole jusqu’à choisir, en 1674, de se donner à la France de Louis XIV, « havre de liberté», et de le payer chèrement.

Le cas d’Antonello illustre en effet l’ouverture de Messine. Comme l’a montré dans sa thèse Hadrien Penet 1, le port, plate-forme de services et emporium modeste, monde de transporteurs et de pilotes plus que de marchands, est animé d’un mouvement perpétuel renouvelé par l’ouverture vers 1375 d’une étape sur la ligne de navigation des galères de Venise aux Flandres. C’est cette route qu’emprunte Antonello. Formé à Naples, où les tableaux flamands sont arrivés vers 1440, il gagne Venise, y travaille, revient en Sicile, sans y révolutionner les goûts de la clientèle, pour l’essentiel les confréries. S. Bottari débat vivement contre Salvatore Tramontana qui accuse le retard culturel de l’île, mais il ne faut ni surestimer ni isoler le miracle. La Sicile occidentale, au XVe siècle, a également attiré des artistes de qualité : Gaspare de Pesaro, l’auteur du Triomphe de la mort de Palerme, Francesco Laurana, mais aussi des livres d’avant-garde. Elle a formé des humanistes et des juristes d’avant-garde, car c’est à Palerme que se trouvent la commande aristocratique et l’argent de la rente foncière. Au XVIe siècle, l’effort de Messine pour se doter d’une université est significatif, de même que la volonté de conserver une école de grec, exprimée pour la première fois en 1400. C’est une réponse à la menace du déclin : l’attribution d’une université à Catane en 1435 a brisé le long monopole informel des études de droit et de rhétorique à Messine. Ce capital culturel accumulé donnait aux notaires et aux juges messinois une primauté dans les organes centraux des juridictions de l’île (Gran Corte, Cour des Maîtres rationaux) et dans l’administration fiscale. Plus que de...

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