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338 LETTERS IN CANADA Carolyn Struthers, Oh, it's hard not to be immortal. Nairn Publishing House, 72, $2.50 Andrew Suknaski, Leaving. Repository Press, 80, $2.25 D.H. Sullivan, HE: A Short Biography of HIM. Sesame Press, 81, $3.00 Fraser Sutherland, In the Wake of. Northern Journey Press, np, $2.00 Anne Szumigalski, Woman Reading in Bath. Doubleday, 88, $4.95 cloth, $2.50 paper Don W. Thomson, High Orbit } . Th Th St bound together; BoreallS, 72 , $4.50 eresa omson, arway Carole Anne Thorpe, The Story of Vixy Box. Fiddlehead, 39, $2.00 Frank M. Tierney, The Way It Stands. Borealis, 64, $3.95 - & Stephen Gill, editors, Poets of the Capital. Borealis, 160, $5.95 Jo Turley, The Away Poems. Fiddlehead, 69, $3.00 Jeremy Walker, Apocalypse with Figures. DC Books, 36, $2.50 Tom Wayman, Forand Against the Moon. Macmillan, 157, $4.95 Mary Willis, The Rhythm of Dark. Fiddlehead, 15, $1.00 Christopher Wiseman, The Barbarian File. Sesame Press, 47, $2.50 Writing Workshop, Cutting the Keys. University of Ottawa, np POESIE Que Ie Iecteur veuille bien m'excuser de ne pas presenter Ie compte rendu exhaustif de I'activite dans Ie domaine de la poesie quebecoise au cours de I'annee 1974. Je n'ai pas I'ame a ,a quand il saute aux yeux, comme par les annees passees, que la plus grande partie du lot des publications s'edifie en marge de l'histoire et plus souvent qu'autrement dans un langage contrefait. Au lieu de cela, a travers les quelques dizaines de recueils qui me semblent par ailleurs dignes d'interet,* je suis parti aJa recherche de c.eux qui rendent compte de Ia realite en un langage autant que possible d'emblee intelligible. C est ainsi que j'ai pu reperer une dizaine (il en est sans doute beaucoup d'autres) de ces livres qui se fondent sur Ie vecu. Avec Les Cloches, de Benoit Lacroix, Ie brave dieu jouEflu des Editions du Noroit (cp 244, Saint-Lambert, comte de Chambly, 70) souffle une bouEfee d'air frais. Cest la petite histoire d'un village du bas du£leuve, Saint-MicheI-de-Bellechasse, dans la premiere moitie du siecle, du point de vue de la deuxieme des trois cloches de I'eglise, Ia plus fideIe, celie qui chante FA, mais juste. La conception graphique et les dessins ""Ie pense entre autres au recueil de Paul-Marie Lapointe, Tableaux de I'Amoureuse (Editions de l'Hexagone, cp 337, bureau N, Montreal, 101., $3.50) et acelui de Jean Hallal, La Tranche siderale (L'Hexagone, 51., $3.00). POESIE 339 d'Anne-Marie Samson-Decelles entrent en belle harmonie avec Ia feinte naIvete du suiet, Ie ton allegre, attendri, Ia finesse de I'observation, I'emploi savoureux des vocables du terroir, des images toutes simples: 'Par egard pour les enfants qui vont dormir, l'Angelus du sair n/a jamais derange personne. Chaque son en pincee de harpe s/en vient au ras de I'eau qui Ie mouille, ou sur Ia neige qui I'endort.' Archalque, ce recit lyrique ? En tout cas necessaire et exceptionnel pour I'aisance avec laquelle I'auteur actualise d'anciennes traditions d'ecriture et pour Ie pouvoir d'emerveillement qu/il communique au lecteur qui se rend, par jeu, camplice de ce conte d'enfants destine aux adultes. L'illustration (en I'occurrence des photographies) ioue aussi un role dans Le Doux Feu (Eds du Renouveau, :<645, 80' rue est, Charlesbourg, Quebec, W7, $4.95), par Andre Daigneault. Cest un recueil sur Ie modele d'lmages et proses, de Rina Lasnier, par un ieune poete qui a Iu Nelligan, Apollinaire, Gatien Lapointe. Un livre honnete, bien fait, sans pretention, suite de poemes surtout en vers reguliers - neUe preference pour I'alexandrin - qui disent Ie passage du temps, Ia perte de I'enfance, I'habitation de Ia ville comme Ia traversee de Ia nuit. Et puis il y a Ia melancolie de celui qui souffre seuI, inutile temoin de Ia douleur des autres, et qui cherche les paroles exactes pour que revive l'unanimite Je voudrais vallS parler ce soir tout doucement de ces chases mes freres que vous ressentez tous Ie vaudrais parler pour me faire comprendre (naus sommes taus des paetes au fond du cceur parfois) je vaudrais vous parler avec des mots de chair - lui qui sait de science sure que Ie mot libre serait I~un de ces ~mots de chair,' ~qui ne restent pas sur Ie papier/ saisissent ~a pleines mains ce qui est,' enfantent la Vie. De tels mots~ incarnes par Ie vecu~ veridiques~ generent les Chansons et poemes de Gilbert Langevin (tome 2, Eds Vert blanc rouge et Eds quebecoises, aux soins de Diffusion-Quebec, 221~ ouest~ rue Saint-Paul, Montreal, 76, $2.00). On Ie constate des Ia chanson liminaire, 'La Voix que rai,' ou Ie poete se dHait du seul bien qu'il possede, sa voix, une voix 'a bout de justice et de joie,' avariee par les contre-coups des desirs et des reves d'une vie fievreuse~ febrile. L'experience qu~el1e exprime, tison ardent au passe calcine, au futur de cendre, est al'image de l'humanite terrassee dont les textes decrivent Ie destin absurde. On s'en approche 'Ia peur dans l'ame' camme de cette foret de Yarnaur promis qu' 'un ange fou' incendie avant que la rencontre n'ait eu lieu ('D'ou que vienne'). Ainsi va toute chair: virus loge dans l'organisme, la corruption progresse en secret jusqu'au jour au toute reaction est vaine. Au terme du processus, I'exil- du ie, du bonheur, de I'espace - est consomme: 340 LETTERS IN CANADA Ie temps est passe y reste Ia mort avec Ia memoire au bord des remords chante la melancoHe. Mais Ie pire n'est pas toujours sfir : Perdu jusqu'a Ia reduction du dernier espoir perdu dans l'hecatombe jusqu'a ne plus pouvoir coucher son etre sur une ombre Ie temps tourne alors dans un sens ou parfois nous appellent des cibles nouvelles Avec, au debut de chaque chapitre, I'insertion de vecteurs qui forment mot a mot Ie message: 'Pour Mirabelle de la clownesque embardee de vivre,' un recueil de Guy Genest affiche Le Parti pris de la vie (Eds du Jour, 1651, rue Saint-Denis, Montreal, 95, $3.50) tout en decryptant les signes d'une programmation de la mort. Face a son etrange double obscur, Mirabelle, all I'impuissance faite pierre, 'statue saline des naufrages entornades,' Ie poete connait Ie 'voyage sans retour de la matiere vers sa fin.' II sait Ie fusil deja dans I'acier, la crosse de I'arme deja dans I'ecorce de I'arbre, Ie sang verse deja dans la seve. Mais lui se tient 'du cote de I'infraction.' En vue de bloquer 'I'urgence imparable des rendez-vous de cendres,' Ie mecanisme qui declenche l'accident, Ie seisme, les machinations politiques, coups d'Etat, repressions, il s'accroche acette enigmatique conviction: il est une autre face ala mort ni fin ni dcHivrance ni neant ni enfer ni paradis c'est !'inconnue de l'equation de vivre aventure essentielle des lumieres avortees Or, si I'equation se resout par la haine, 'quelque part au l'on tue/ et survient Illembardee' prevue des Ie debut du poeme, elle se resout aussi par I'amour, car Ie couple constitue 'Ie seul point de desequilibre' de I'hallucinant systeme parfait de I'existence. La phrase La Parole me vient de ton corps sert de litre au recuei! que Jean Royer pubHe aux Nouvelles Editions de I'Arc (663, rue Wiseman, Montreal, 123, $4.00). D'un effleurement de vie les mots vibrent qui traduisent I'attention a compalir au mal du monde, a la cecite du pays, au mutisme de l'etre. Malaise d'une saison d'hiver que Ie poete, veilleur fideIe, traverse de son cri d'alarme au de recanfort, avec en prevision l'acces aun matin neuf, comme al'ile d'ete baignee du Reuve de memoire. POESIE 34I Voici la vigilance d/un poete, au milieu de nous, qui chante 'pour nos plaies,' Pareil engagement se retrouve chez Michel Cote qui calligraphie, avec la patience de I'artisan, les le<;ons re<;ues d'une Dixieme lunaison (Eds du Noroit, 88, $4.00), celie de I'octobre, quand 'notre danse [se change] en deui!.' Au detour des pages, ponctuant et parfois agressant Ie texte, des dessins rudimentaires - on evoque (a tort) l'univers de jarry, de ViIlonfigurent des roitelets de cartes - on evoque (encore a tort) Ia silhouette du patriote arme qui recouvrait naguere, certains communiques de presse. Serait-ce solliciter indument Ie message? II semble que Ie poete fasse complice de la repression la I dixieme lunaison' elle-meme, quand 'les temps ne sont plus aux reves,' quand ils 'reviennent it. rendre fous,' quand 'les paroles de chimere se taisent maculees aux signes de nos peurs.' A cette epoque de I'annee, la perte de Ia parole, celie aussi de la souvenance et de la 'force revante,' Cfeent une absence qui autorise Ie retour des frayeurs fatidiques, I'assaut des haines rituelles. Un instant tente par Ie role de victime sacrificielle, Ie poete choisit d'enlever Ie masque des illusions (a quai sert d'ecrire encore quand cette terre est bien morte) et de remettre a plus tard Ie projet de 'batir maison la-bas tout juste a la barre des Iunes.' Si bien que la rupture des promesses serait inherente a ce temps d'avenement du froid: 'se peut-il encore une fois que Ia fissure de l'hiver tranche nos vies au lieu des legendes: Dixieme lunaison est une nouvelle piece averser au dossier de la thematique de I'octobre, etude amorcee, i1 y a peu, par Laurent Mailhot. avec au moins un autre recueil de ['annee I974, celui que Gaetan Dostie publie aux editions de I'Hexagone, Poing commun (cp 337, bureau N, Montreal, 63, $3.50), mais il s'agit lit precisement de I'octobre I970. On sait que I'auteur Eut I'une des victimes de Ia Ioi des mesures de guerre et cette austere chronique d'espoirs avortes, de fraternites brisees, relate la perquisition, I'arrestation , I'interrogatoire, Ie sejour aParthenais. Autre description d'un univers concentrationnaire, Un Monde ben ordinaire (Roch Tiberghien editeur, sp FO, station delorimier, Montreal, I09, $4.00) stigmatise Ies desordres de la societe actuelle. Tout y est visceral, impulsif, garroche. Sans menagement ni complaisance, c'est surtout en joual que Ginette Perreault dit ses tourments, ses degouts, ses hargnes. La marche 'Vers retemelle pourriture'; Ie harcelement de questions iflsolubIes; l'imprevu des amours humainesi Ie delire des 'voyages'; de troubles possessions diaboliques; mais aussi I'immersion dans I'irreel, d'insolites apotheoses extraterrestres. Le lecteur n'a pas a se tracasser pour comprendre. Des Ie premier texte, intitule 'Mon trip,' il sait aquoi s'en tenir: 'Man Trip a moe; c'est d'faire tripper I'monde; [...] c'est d'leu laisser une infinite d'questions au fond du crane, cl'Ies faire re£lechir su des problemes affreux qu'y sont si nombreux dans I'monde du vingtieme 342 LETTERS IN CANADA siecle: ce monde qu'on dit : evolue, instruit, eduque, Qui! Eh! ben c'monde, moe, j'le dis sans m'gener: liCe monde y'on quec chose qui tourne pas rond!" , Transformer Ie monde, nous avons deja lu cela quelque part. De meme que Changer la vie, titre d'un recueil d'Andre Beauregard (Eds Parti pris, cp "49, bureau N, Montreal, 48, $2.00). Cest l'un des textes les plus etonnants qui aient paru ces dernieres annees. Par les prodiges d'une trame scripturale homogene qui incorpore les donnees du banal reel social aux fulgurantes trouvailles de l'imagination la plus farfelue, Ie poete donne a voir que la normaIite reside dans les rapports avec l'integralite d'un reel ouvert a toutes les metamorphoses. L'imposture est Ie propre des totalitaristes qui pretendent normaux les appetits de corruption, de guerre, d'injustice, de pouvoir, de science, car cela fait leur affaire. Pour arreter l'offensive morbide qui vise it diffuser chez les masses Ie plaisir de leur servitude, Beauregard n'offre pas de recette mirade. Le changement: a chacun de l'operer en soi instant apres instant. A Ie lire, on croirait cependant que Ie gout de la verite vient aceux gu'un don d'innocence ('La paix de l'ame donne la vie') fait traverser intacts les evenements que d'autres effleurent mais qu'eux vivent apart entiere, visionnaires inspires qui lisent la liaison de toutes choses vivantes en des architectures spatiotemporelles , 0 saisons 0 chateaux, et s'en emerveillent. Qui, Ie je de ce poeme mirage (beau verbe inedit) et ce qu'il mirage est Ie triomphe de l'amour sur la haine. A celIe d'un colisee au un peuple d'esclaves, gave de jeux tragiques, assiste asa propre mise amort, se substitue celIe d'un cirque fabuleux ou les multiples virtualites de chacun edatent et s'epanouissent en £leurs de feu: ']'explose de vivre au soleil de tous les temps [...] Je suis l'opera de tous les temps et la musique arrive droit du del.' Fusees, recital des anges, illuminations striant les saisons en enfer, naus avons entendu parler de vous que Ie poete, encore et toujours, prodigue. Lire, relire avec un plaisir inepuisable Changer la vie, ses fatrasies, ses paradoxes, ses pluies d'extases, c'est trouver du prix ala litterature que les Grands Rhetoriqueurs sacrifient a !'idole Poetique. La preface est explicite, mettant en equilibre, comme Ie poeme qU'elle annonce, l'humilite ('Ayez pitie de moi, je ne suis qu'un poete faisant }'amour avec les mots') et l'orgueil ('Poete, j'ai l'univers sur mes epaules et je dois crier au monde qu'il est temps de se reveiller') : "Changer Ia vie" est un cri de detresse, de purete, de rage et d'amour face au monde dans lequel nous vivons. Cette terre ou la folie et la terreur se melent devant nos yeux a chaque jour. Ces quelques pages ne peuvent changer Ie monde mais elles ont Ie pouvoir et Ia force de faire trembler achaque mot les delires et les absurdites de fa vie. Ce livre renferme un secret, un mystere si pur et si troublant que chacun de nous se doit de Ie garder comme un gage d'amour, de sincerite pour qu'un jour la vie soit un ciel, si Ie del est dans notre cceur et que Ia plus petite parcelle d'amour merite d'exploser a tout jamais. DRAMA 343 AloIS la paix dans l'ame, Ie crellr libre, devant tous les yeux, il y aura une flamme de liberte que Ie poete aura semee meme au prix des plus grandes tristesses. Ie vellS offre enfin ce livre qui est l'image de la plus grande fealite : celIe de changer 1a vie. J'espere qu'a travers ces pages vallS partagerez avec moi les emotions, la tendresse, les rages, les visions et la sensibilite que j'ai eru camme un devoir de devoiler pour vivre dans un rnonde ou la vie aura enfin Ie droit de vivre dans la paix et l'amitie. Beauregard a I'ingenuite du neophyte. Avec I'inedite sagesse d'un 'anarchiste libertaire zen.' Michel Garneau, qui en a vu d'autres, enseigne I'evidence. On n'a pas idee de Ia dangereuse portee subversive de cet enseignement par les temps qui courent et je m'etonne que les pieux defenseurs de Ia croix (a Ia bonne place sur Ie bulletin de vote passe en telegraphe) et de I'ordure n'aient pas deja bn1Ie vifs Ies exemplaires des numeros 4 et 5 de Ia serie 'Langage': raime la lith!rature elle est utile et 'Politique' (Eds de I'Aurore, 222, ouest, rue Saint-Paul, Montreal, 29 et 40, $1.00 et $1.25). D'un format reduit, genre aide-memoire, ces brochures n'attirent l'attention de personne. Et pourtant leur importance creve les yeux. NOlls avons affaire ici al'une des expressions les plus justes de la conscience de notre temps. A l'heure au les techniciens de la communication se prostituent en fabricants de premiers rninistres, au tout un chacun aspire a 'faire Ia piasse' (Beauregard traitait Ia societe de 'Belle poubelle toute sale'), Oll Ies politiciens de maintenant trafiquent I'idealisme de leur jeunesse, al'heure au les pOllvoirs publics fraudent Ie peuple, au la manie des techniques corrompt Ies esprits voues au salut de Ia parole, voici qu'un poete nous fame-ne ades verites premieres, notamment acelle-ci que I'Histoire est a faire par tous et qu'il importe de saisir et de comprendre et de changer d'abord et avant tout Ia realite immediate, quoi qu'il en coute. Bien d'autres Ie,ons se degagent des propos de Michel Garneau , que mes paraphrases ne feraient que trahir : il faut Ies lire dans Ie texte integral. On y trouvera Ia somme des efforts tentes par Ies poetes de Ia presente chronique pour ne pas desesperer de I'humanite. On y apprendra comment mener I'offensive pour Ia vie. (JACQUES BLAIS) DRAMA This year's output in Canadian drama is dominated by fantasy of one kind and another, and it is remarkable how much of the fantasy depends on popular dreams mass-produced by other media long ago. In the interview that opens a collection of his plays, The Return of the Big Five (Fingelow Plays, "173, $3.00), Hrant Alianak confesses, 'I was never interested in theatre, I have always been more fascinated by movies, probably because I was brought up on them.' Writers now draw on Hollywood as they used to draw on classical mythology, with the same ...

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