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  • Dérive de l’espace public à l’ère du divertissement ed. by Charles Perraton
  • Sarah-Émilie Plante (bio)
Dérive de l’espace public à l’ère du divertissement, s. la dir. de Charles Perraton, Étienne Paquette et Pierre Barrette, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2007, 241 p.

S’attarder à la question de l’espace public implique de s’arrêter à ses acteurs, aux idées s’y trouvant ainsi qu’aux modalités de leur circulation. Le présent collectif d’auteurs propose de visiter certaines de ses manifestations contemporaines. L’espace public actuel, devenu lieu d’une offre accrue de divertissements et de biens servant à la construction identitaire, voit se marginaliser sa fonction de carrefour de discussion des affaires publiques. Devrait-on en conclure pour autant que la conscience politique soit en perdition à l’heure actuelle ? Non pas, mais plutôt que de cette « dérive » jaillissent de nouvelles pratiques. On propose ici des chapitres organisés en deux temps, ordonnés selon l’angle d’analyse des auteurs. Il y [End Page 256] a ceux qui, d’une part, tiennent compte de phénomènes contemporains jugés à l’aune de théorisations « classiques » de l’espace public, et d’autre part, ceux qui profitent de certains phénomènes et produits culturels en eux-mêmes comme de nouvelles perspectives d’études, et non pas comme simples excroissances ou déformations de l’idéal habermassien. Le spectre couvert par ce collectif est aussi large que varié : il propose tant des études de cas et des perspectives théoriques, que des comparaisons entre des éléments propres à l’époque actuelle et d’autres issus de périodes antérieures.

L’ouvrage explore certains lieux et canaux qui constituent l’espace public. La télévision est abordée à la fois comme vecteur et producteur de discours et d’événements, tout en étant porteur d’une pratique discursive propre. L’espace urbain, lieu de construction identitaire, est quant à lui exposé sous plusieurs coutures. Il est à la fois terrain de divertissement et de (sur)consommation, de construction identitaire, où l’on peut voir et se faire voir. Sa fonction politique n’est pas pour autant totalement occultée, puisqu’il est aussi investi à des fins revendicatrices. Dans un tel espace public à l’heure de la modernité avancée, l’individu offre également matière à analyse. La construction identitaire et personnelle du sujet est ici présentée comme relevant d’un équilibre à la fois délicat et précaire, dans un monde caractérisé par l’excès. Le sujet est à la fois soumis à un espace public saturé de discours et de représentations envahissants, évoluant dans un monde dont l’organisation du temps est basée autour d’un travail devenu aliénant, et guetté par le mortifère ennui d’une surabondance de divertissements. Même la politique est perméable à cette « ère du divertissement », qui en colore les pratiques communicationnelles.

Malgré le large éventail des sujets abordés et les perspectives enthousiasmantes annoncées, l’ouvrage, dans son ensemble, sème la confusion. Un problème relève de l’organisation des chapitres et des prémisses posées en introduction. Tout d’abord, la division initiale autour de l’idée centrale de la dérive, quoique lyrique, ne forge pas un fil conducteur éclairant, d’autant plus qu’elle n’est pas élaborée en profondeur ni étayée. On propose d’adopter l’angle de la dérive par rapport à un certain idéal de l’espace public, ou encore de profiter de certains phénomènes comme l’occasion de les aborder d’un angle neuf, principalement comparatif, et dénué d’un a priori théorique. Bien que défendable, cette organisation ne donne ni grande cohérence ni structure aux propos, ce qu’une organisation thématique (ville et espace urbain, construction du sujet, médias et divertissement, etc.) aurait pu faire, et servir la notion de dérive telle qu’initiée en introduction.

Par ailleurs, la défense de la thèse d’un déplacement du point de réf...

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