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Reviewed by:
  • Lire Poliquin ed. by François Ouellet
  • Sophie Beaulé (bio)
Lire Poliquin, s. la dir. de François Ouellet, Sudbury, Prise de parole, 2009, 298 p.

L’œuvre de l’écrivain franco-ontarien Daniel Poliquin s’est attiré de nombreux prix et distinctions depuis les années 1990, de même que l’intérêt de chercheurs chevronnés. Après avoir dirigé un numéro de Voix et images (81, printemps 2002) consacré à l’auteur, François Ouellet organise le colloque « L’univers narratif de Daniel Poliquin », tenu à l’Université McGill en 2006. Il réunira les articles en découlant dans Lire Poliquin. Pour la richesse des études qu’il renferme, ce collectif constitue un jalon incontournable dans les études poliquiennes.

Afin de situer le colloque dans le développement du discours critique, Ouellet entame l’ouvrage avec un panorama détaillé des études consacrées exclusivement à Poliquin. Il souligne d’ailleurs la fortune d’une œuvre qui, dès les années 1990, a suscité près d’une vingtaine d’articles, dont ceux de François Paré, Lucie Hotte et Robert Yergeau, qui signent dans le collectif aux côtés d’autres chercheurs abordant l’œuvre poliquienne pour la première fois ou peu s’en faut. Tout comme il l’avait fait dans Voix et images par le biais d’une entrevue, Ouellet laisse ensuite la parole à Daniel [End Page 243] Poliquin qui se livre, avec sa conférence intitulée « Confidences pour intimes », à une réflexion sur son itinéraire d’écrivain, de Temps pascal (1982) à La kermesse (2006). Avec l’humour et la franchise qui le caractérisent, l’écrivain évoque entre autres son rapport au français et à l’allemand (en particulier sa rencontre avec l’œuvre de Franz Kafka), ainsi que la connivence profonde entre L’homme de paille (1998) et Le roman colonial (2000). Il s’attarde enfin, en de belles pages, sur l’écriture de La kermesse, son roman le plus autobiographique selon lui.

Par leur regard sur une ou plusieurs œuvres et les horizons théoriques adoptés, les articles présentent des réflexions qui se croisent, se précisent et se complètent les unes les autres, offrant leurs propres résonances aux « confidences » de l’écrivain. Ouellet imprime à l’ensemble un mouvement général qui va des considérations sur le fonctionnement narratif, à la question identitaire et à d’autres problématiques.

François Paré se penche d’abord sur les « dérives et dérivations » caractéristiques de la manière poliquienne, en particulier dans L’Obomsawin et L’écureuil noir. Une première digression apparaît dans l’entrecroisement des récits personnels, liés à la remontée généalogique, que Paré compare à des récits antillais comme ceux de Patrick Chamoiseau. Plus qu’un jeu narratif, les narrations généalogiques permet-tent d’ancrer le récit principal ; elles sont en fait au cœur de l’écriture. Les récurrences, les glissements dans l’espace ou les parcours individuels renvoient au désir à la fois de convoquer et de révoquer le passé. La langue véhicule enfin les tensions et dérivations. Nicole Bourbonnais s’intéresse de son côté aux relations entre les instances narratives et l’Autre, un narrataire invisible, ainsi qu’à leur recours à la mémoire et à l’imaginaire. En effet, les amoureuses (La Côte de Sable), Calvin Winter (L’écureuil noir) ou le souffleur (L’homme de paille) revoient la réalité pour mieux montrer le lien essentiel entre la mémoire et l’affabulation. L’activité narratrice des locuteurs s’apparente dès lors au travail de l’écrivain.

Toujours dans la série d’articles axés sur le fonctionnement narratif, Lucie Hotte se concentre sur L’écureuil noir dont elle analyse la structure pour mettre en relief la question de l’Autre et la conscience coupable qui s’y rattache chez le narrateur. Winter tient les rênes des microrécits axés sur les personnages secondaires, mais il leur laisse de la place en tant que figures d’une altérité liée, entre...

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