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Reviewed by:
  • Corps de papier. Résonances avec des accompagnements de Catherine Mavrikakis, Nicole Brossard et Verena Stefan by Andrea Oberhuber
  • Hugues Corriveau (bio)
Andrea Oberhuber, Corps de papier. Résonances avec des accompagnements de Catherine Mavrikakis, Nicole Brossard et Verena Stefan, Québec, Nota bene, coll. Nouveaux essais Spirale, 2012, 236 p., 21,95$

Disons-le tout de suite, ce livre ne me paraît pas réussi. Tant s’en faut. Bien qu’il faille reconnaître que les œuvres abordées le sont avec respect et au plus près d’une vive connaissance. Mais on ne sait pas trop où ça va, à quoi cela tient, de quoi ça parle au juste. La théorie du « gender » auquel Andrea Oberhuber veut se référer reste extrêmement floue et sert de béquille à un tour d’horizon de cinq œuvres qui restent en grande partie opaques, tant le voile de louanges de l’essayiste à propos de celles qu’elle visite ombrage la clarté du propos.

Le livre est constitué de cinq essais autour des œuvres littéraires de Claire de Duras (dont l’essayiste ne parvient jamais à nous prouver l’importance ni l’intérêt), ainsi que des œuvres picturales, photographiques ou également littéraires de Claude Cahun, Leonora Carrington et Unica Zürn autour du surréalisme (pris ici comme prétexte plutôt que centre d’intérêt), et enfin, celle de l’auteure québécoise Élise Turcotte. S’ajoutent à cela trois accompagnements des auteures Catherine Mavrikakis, Nicole Brossard et Verena Stefan et des proses épistolaires ou « diaristiques » navrantes d’Oberhuber elle-même (nous y reviendrons).

Bref, je ne saurais souscrire à l’exercice d’admiration de Catherine Mavrikakis qui se laisse emporter au fil de sa lecture et déclare : « Je ne reconnais plus les mots [d’Oberhuber] de façon mécanique, je ne tourne plus les pages sans y penser. Je me découvre un rythme, une singularité. Je me déplace. Je suis transportée. » Ciel ! Pourquoi ? Parce que l’essayiste a intercalé des fictions ou poèmes à l’intérieur de son livre ? Allons, cela n’est pas neuf et bouleverse peu les boiteuses démonstrations de l’auteure. Prenons-en pour preuve le faux journal intime que l’essayiste signe comme celui de Claire de Duras dont le style pataud et de peu d’intérêt littéraire ne saurait en rien enrichir l’entreprise. On peut penser que, dans ce livre, l’idée préalable fut meilleure que sa mise en œuvre.

On cherche ce qui tient les fils de cet essai. Par exemple, deux des artistes abordées sont psychiatrisées et liées de près au surréalisme … Or, en quoi ces deux facteurs sont-ils inféodés à la notion de « gender » ? On n’en saura vraiment rien de précis, non plus que sur la préséance de l’incidence du dérèglement psychique sur les pratiques surréalistes des deux auteures en tant que source ou produit de leur imaginaire. Bref, même le titre dévie du sujet qu’il veut circonscrire alors que vont être abordées, dans le corps du livre, des œuvres picturales ou des œuvres photographiques, imposant ainsi au terme « papier » d’élémentaires propriétés de support … loin de la notion de « corps fictif » incarné dans la narrativité fictionnelle. [End Page 218]

Dans sa « lettre à Unica Zürn », je trouve le passage qui suit exemplaire des dérives que ce livre essaie d’imposer devant ce qui semble à honnir, soit l’essai universitaire conventionnel:

Je fixe ici par écrit l’idée d’un colloque qu’avec V.-Olga nous avons rapidement évoqué l’autre jour, autour d’une table de bistrot. Je la sais assez enthousiaste pour qu’elle veuille replonger dans les parties inexplorées de l’œuvre zürnien, œuvre qui nous relie dans une passion partagée. Il faudra associer quelques chercheurs allemands, des collèges états-uniens et français (reste à voir lesquels, parce qu’ils ont tendance à se limiter à des lectures biographiques et psychanalytiques).

L’aspect superficiel de cet extrait donne...

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