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  • Je voudrais être un homme. Correspondance littéraire entre Simone Routier et Harry Bernard by Simone Routier et Harry Bernard
  • Jane Everett (bio)
Simone Routier et Harry Bernard, Je voudrais être un homme. Correspondance littéraire entre Simone Routier et Harry Bernard. Édition préparée par Guy Gaudreau et Micheline Tremblay, Ottawa, David, coll. Voix retrouvées, 2011, 202 p., 30$

« J’ai une mentalité libre et de bohème parfois et je fais la vie la plus bourgeoise et vertueuse qui se puisse imaginer. Ça devient fatigant à la longue, je voudrais bien être un homme, je voyagerais et vivrais ailleurs. » Ce passage, tiré d’une longue lettre en date du jeudi 11 octobre 1928, capte à sa manière l’essentiel de cette correspondance, qu’on est tenté de placer sous le signe conjoint de l’exaspération, de l’ambition et de l’intensité.

Composé de 46 lettres au total, le corpus est inédit et repose en entier dans le fonds Harry-Bernard (le fonds Simone-Routier n’en contient pas). Si le fonds Bernard possède aussi bien les lettres que celui-ci a envoyées à Routier, que celles qu’il a reçues d’elle, c’est en partie parce qu’il a conservé des copies carbones de certaines de ses propres lettres. D’autres lui avaient été rendues par Routier, afin – semble-t-il – que Bernard puisse rassurer son épouse sur la nature parfaitement anodine de la correspondance (voir [End Page 186] les lettres du 17 et 18 octobre 1928). Bien qu’« intense », celle-ci sera de courte durée. Bernard a écrit 16 lettres entre le 11 septembre et le 6 novembre 1928, et Routier, 28; ils ont également échangé une dernière lettre en mars 1929. Des indications internes suggèrent qu’une ou deux autres lettres auraient été écrites en septembre ou octobre 1928, mais elles n’ont pas été repérées.

Comme le titre le laisse entendre, cette correspondance met l’accent sur Simone Routier; elle en est, pour reprendre le terme des éditeurs, le « fil conducteur ». La collection offre des aperçus nouveaux sur l’écrivaine qui vient de publier la première édition de son recueil de poésie, L’immortel adolescent; elle éclaire le contexte de cette publication, « [ … ] particulièrement en ce qui a trait au choix final des poèmes, aux dernières étapes avant sa publication, tout comme aux premières semaines après sa parution [ … ] », et aide à comprendre les modifications qui seront apportées à la seconde édition, qui suivra en 1929.

Les lettres sont précédées d’une solide Présentation qui précise en quoi consiste la nouveauté de cette édition – qui ne se veut pas « un ouvrage d’érudition » – par rapport aux études scientifiques sur Bernard et Routier et d’autres éditions de lettres les concernant, avant de passer à la description de l’aspect matériel des lettres et de dresser le portrait de l’écrivaine qui se révèle au fil des lettres. Selon les éditeurs, et on ne peut que leur donner raison après lecture des lettres, « [e]n plus de mettre en évidence une femme dont on connaissait déjà la détermination pour faire sa place dans la littérature du Canada français, ces échanges mettent aussi en valeur ses talents de dessinatrice tout en permettant de comprendre les embûches que cette jolie célibataire a dû surmonter dans ses relations épistolaires avec des écrivains mariés et bien en vue et dont elle doit, par tous les moyens, obtenir les appuis ».

La Présentation comprend aussi deux pages de petits dessins de la main de Routier (d’autres accompagnent une ou deux des lettres). Une Chronologie combinant les bio-bibliographies de Bernard et de Routier suit la Présentation. Détaillée pour Bernard, elle est sommaire pour Routier; elle permet de situer la correspondance par rapport à l’ensemble de leurs œuvres et de leurs carrières respectives.

Les Lettres, numérotées et présentées par ordre chronologique, sont accompagnées d’une série de Documents (de A à M) dont le but est d’aider...

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