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Reviewed by:
  • Vivre et penser la coopération transfrontalière, vol. 1, Les régions frontalières françaises dir. by Birte Wassenberg
  • Christophe Quéva
Birte Wassenberg (dir.) Vivre et penser la coopération transfrontalière, vol. 1, Les régions frontalières françaises Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2010, 416 p.

Dans le contexte de l’Union européenne, la question des frontières occupe une place centrale mais ambiguë dans la compréhension des relations entre pouvoirs et territoires. En effet, la frontière, tout en délimitant spatialement l’aire de compétence et de souveraineté d’un État, se voit de plus en plus « défonctionnalisée » dans le cadre européen avec l’ouverture croissante aux échanges et aux mobilités des populations, ainsi qu’avec l’encouragement des coopérations interétatiques et interrégionales dans une optique « transfrontalière ». C’est cette perspective qu’analysent les contributions rassemblées dans ce premier volume qui interroge les origines, les acteurs et les aspects théoriques et pratiques des collaborations transfrontalières. « La priorité de la coopération transfrontalière est l’affaiblissement ou l’abolition des effets négatifs créés par les frontières » (Birte Wassenberg, p. 51). Dans ce cadre, les espaces frontaliers sont envisagés comme des « espaces modèles pour une politique de cohésion territoriale » et comme des « laboratoires de l’intégration européenne » (Joachim Beck, p. 34 et 36), dans une perspective à la fois spatio-temporelle (histoire des coopérations transfrontalières, construction de territoires transfrontaliers), socio-économique (mobilité des populations, pratiques et représentations des espaces frontaliers) et politicojuridique (gouvernance et institutionnalisation des collaborations).

L’ouvrage regroupe une trentaine de contributions focalisées pour la majorité d’entre [End Page 584] elles sur la frontière franco-germano-suisse au sein de l’espace rhénan, mais également sur les espaces franco-belge, franco-espagnol et franco-italien. Les auteurs sont pour la plupart des universitaires, mais l’ouvrage laisse aussi la part belle aux témoignages de professionnels de la coopération transfrontalière (Regio Basiliensis, Conférence franco-germano-suisse du Rhin supérieur, Eurodistrict Regio Pamina) ou du Conseil de l’Europe. On salue le fait que chacune des introductions de parties, mais aussi la communication inaugurale de J. Beck sur la coopération transfrontalière comme objet de recherche interdisciplinaire, les témoignages de professionnels ainsi que la conclusion aient été traduits en français, allemand et anglais. Chaque texte est par ailleurs accompagné de son résumé en allemand et en anglais. Les croisements opérés sont ainsi à la fois disciplinaires et linguistiques.

L’ouvrage est structuré en trois parties. La première se focalise sur « Les origines de la coopération transfrontalière » en revenant sur les grandes étapes mais également sur les motivations qui ont présidé à leur mise en place dans l’espace franco-germano-suisse. Si ces coopérations transfrontalières sont complexes à mettre en place, en raison des « lenteurs de la construction politique de l’Union européenne et de la référence obligatoire au droit interne de chaque État », elles se traduisent aussi et surtout par l’importance de la « relation transfrontalière, bien plus capitale que le seul instrument de l’institution transfrontalière », comme l’exprime Charles Ricq dans son texte sur les prolégomènes transfrontaliers (p. 84 et 91). L’auteur y analyse de façon éclairante, transversale et problématisée les caractères communs des coopérations, ainsi que les enjeux soulevés par le transfrontalier. Ces éléments sont ensuite questionnés dans les autres textes qui s’appuient sur des documents illustratifs (photographies, cartes, graphiques, schémas) et abordent des contextes territoriaux diversifiés – notamment l’espace franco-germano-suisse, emblème de la collaboration transfrontalière depuis 1958, ou encore la Grande Région (Sarre, Lorraine, Luxembourg, Wallonie, Communauté germanophone de Belgique, Rhénanie-Palatinat) et l’espace franco-belge, tous deux marqués par des situations économiques et sociales fragiles qui ont encouragé la recherche de solutions transfrontalières.

Celles-ci sont le fait d’acteurs diversifiés, qui font l’objet...

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