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Reviewed by:
  • L’espace géographique au Moyen Âge by Patrick Gautier Dalché
  • Emmanuelle Vagnon-Chureau
Patrick Gautier Dalché L’espace géographique au Moyen Âge Florence, Sismel-Edizioni del Galuzzo, 2013, 464 p.

L’ouvrage est un recueil de vingt articles écrits entre 1982 et 2010, représentatifs de la méthode et des champs de recherche de Patrick Gautier Dalché. Une courte préface situe le propos comme un ensemble d’études d’« histoire intellectuelle, et dans une moindre [End Page 508] mesure, d’histoire culturelle » (p. VII). L’auteur en effet se démarque d’une histoire de la géographie ou de la cartographie classique, qui se contenterait de dresser l’inventaire des « progrès » des connaissances sur la forme du monde. C’est dans la logique interne des textes médiévaux et selon la manière dont ils ont été lus et compris que l’auteur développe une histoire de l’espace géographique tel qu’il a été perçu, pratiqué et représenté de l’Antiquité à la Renaissance. Le champ chronologique exploré est vaste : du vie (Cassiodore) au xve siècle environ. La documentation concerne essentiellement l’Occident chrétien, mais avec des aperçus solides sur les connaissances scientifiques arabes et leur réception dans le monde latin. Un article, le seul en anglais, concerne l’empire byzantin.

Les articles sont regroupés en quatre sections. Dans la première, l’auteur explore la manière dont les conceptions géographiques héritées de l’Empire romain universaliste ont été adaptées aux évolutions de l’Europe médiévale. Les peuples barbares venus de terres inconnues et les nouveautés décrites par les voyageurs ont suscité une intense curiosité dans les milieux savants mais aussi posé un certain nombre de problèmes d’intégration à l’image du monde antique. Ces problèmes ont été exposés et résolus avec les outils intellectuels propres à leur époque : descriptions ordonnées, listes de noms, cartes, diagrammes, associés notamment aux chroniques universelles. La deuxième section donne plusieurs exemples de l’érudition philologique et de l’approche codicologique indispensables, nous rappelle plusieurs fois l’auteur, à toute étude d’histoire intellectuelle du Moyen Âge. On y trouve des études détaillées sur la filiation des textes (Cassiodore et Jordanès, vie siècle), sur la transmission et l’interprétation latine d’un texte géographique et astronomique arabe (xiie siècle), sur la traduction latine d’un passage des Li livres dou Tresor de Brunetto Latini, longtemps attribuée à un auteur juif fictif (pseudo-Asaph, xiiie siècle), sur une géographie en toscan à mettre en rapport avec les cartes marines du xive siècle. Les articles sont accompagnés de l’édition des textes commentés ou d’extraits. Moins techniques, les articles de la troisième section étudient différentes approches de l’espace : nature des lieux saints selon les Libri miraculorum de Grégoire de Tours, les conceptions de l’océan et des limites septentrionales de l’orbis terrarum, l’usage des portulans (textes d’instructions nautiques) dans le monde byzantin, la définition du « port » selon les portulans de Méditerranée occidentale.

La quatrième section traite, tout d’abord, de l’évolution des savoirs géographiques siècle par siècle, évitant le défaut de considérer le Moyen Âge comme un ensemble indistinct. Des points de rupture, des inflexions importantes sont ainsi soulignés. P. Gautier Dalché insiste sur le rapport entre la pratique de l’espace et les savoirs géographiques tels qu’ils sont exposés dans les sources. Le premier article aborde l’histoire des coordonnées astronomiques et géographiques, héritées de Ptolémée et diffusées d’une part dans le monde arabe, d’autre part dans le monde latin à des époques différentes. Or c’est moins l’histoire de la transmission et de la traduction des textes scientifiques qui intéresse l’auteur que l’histoire de la compréhension des concepts de climata, de latitude et de longitude célestes, ainsi...

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