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Nineteenth Century French Studies 32.3 & 4 (2004) 418-419



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Holmes, Diana. Rachilde. Decadence, Gender and the Woman Writer. New York: Berg, 2001. Pp. 231. ISBN 1-85973-555-X

Depuis une dizaine d'années, on redécouvre Rachilde comme auteur exemplaire de la Décadence. Le fait d'être la seule femme parmi les auteurs décadents des années 1880 et 1890 la rend particulièrement intéressante pour qui étudie la littérature féminine et l'écriture-femme. La problématique du sexe et de l'identité qui prend figure à travers son œuvre n'est pas sans susciter l'attention des gender studies. C'est dans ce contexte que se situe la monographie que Diana Holmes a consacrée à Rachilde. Le même auteur a déjà publié un ouvrage remarqué sur French Women's Writing 1848-1994 (London, Athlone, 1996). Cette nouvelle étude donne un aperçu fascinant de la vie de Rachilde et permet de mieux comprendre l'œuvre abondante d'un écrivain dont la carrière s'étend sur plus d'un demi-siècle.

Diana Holmes pose d'emblée la question de la place de la biographie dans une étude littéraire. Dans le cas de Rachilde - pratiquement disparue des histoires lit-téraires jusqu'en 1990 l'auteur juge nécessaire, et à juste titre, de ne pas se limiter à une étude purement textuelle. Sans tomber dans le piège du biographisme et de la confusion de la vie et de l'œuvre, elle révèle bien au contraire les liens subtiles qui existent entre la vie de Rachilde et son œuvre. Une place importante est ainsi réservée aux textes autobiographiques (Chapitre 8).

Dans la première partie ("A Werewolf in Paris"/ "Un loup-garou à Paris"), Diana Holmes replace Rachilde dans le contexte culturel de la fin du siècle et de la Belle Époque, la période de son plus grand succès. Sa présence sur la scène littéraire du Paris fin-de-siècle était marquante: comme auteur célèbre depuis le succès à scandale de Monsieur Vénus, dans son rôle de patronne et de chroniqueuse au Mercure de France (dirigé par son mari Alfred Vallette) et pour avoir encouragé le projet de théâtre symboliste de Paul Fort et de Lugné-Poe. Son salon constituait un forum pour ce qu'on appellerait aujourd'hui networking.

Très tôt et pendant toute sa vie, Rachilde a cultivé cette image du loup-garou, de l'intrépide outsider. Son individualisme absolu, en harmonie avec l'esthétique élitaire des Décadents et leur vision de la société, expliquerait ainsi son hostilité envers les mouvements féministes. Rachilde pouvait facilement adhérer à l'image de la femme forte et indépendante mais refusait l'idée de solidarité féminine dans une cause commune.

C'est cet apparent paradoxe rachildien de femme émancipée mais anti-féministe, qui sera développé dans la deuxième partie, plus longue, consacrée à l'œuvre ("Writing as a Woman"). Diana Holmes se demande jusqu'à quel point les romans [End Page 418] de Rachilde - malgré le désaveu féministe de cette dernière - sont tributaires d'une perspective spécifiquement féminine, autrement dit, si Rachilde écrit "comme une femme." Une analyse pertinente de cinq romans, publiés tous pendant qu'elle était la "Reine des Décadents" (Monsieur Vénus, Nono, La Marquise de Sade, L'Animale, La Jongleuse), montrent la figure typique de l'héroïne rachildienne: femme fatale, rebelle mais solitaire dans son entreprise de transgression (de l'ordre des sexes). Détail significatif: toutes ces femmes n'ont pas de mères, sont des "Motherless Daughters" (titre du Chapitre 5) et, surtout, n'ont gardé aucun souvenir de tendresse maternelle (comme Rachilde elle-même). "Je n'ai jamais eu de mère moi," explique par exemple Renée Fayor pour justifier sa propre cruauté. Ce déficit sentimental et le défi lancé au...

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