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Nineteenth Century French Studies 32.3 & 4 (2004) 402-403



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L'Année Baudelaire 6. De la Belle Dorothée aux Bons Chiens. Paris: Honoré Champion Editeur, 2002. Pp. 163. ISBN 2-7453-0741-X

Réjouissons-nous de la publication de ce sixième numéro de L'Année Baudelaire qui intervient maintenant, après deux années d'interruption, aux Éditions Honoré Champion. Réjouissons-nous, car ce numéro est de qualité, la liste des auteurs (Y. Bonnefoy, J.-F. Campario, R. Chambers, J. E. Jackson, P. Labarthe, B. Marchal, J. Starobinski, R. Engelking) figurant dans la table des matières laissait à présager qu'il en serait ainsi ; et en effet, la lecture ne déçoit pas. Comme en témoigne le titre - De La Belle Dorothée aux Bons Chiens - ce numéro couvre une grande amplitude d'ap-proches et de thèmes. Adoptons donc la chronologie proposée pour examiner de plus près chaque contribution.

La première est signée Yves Bonnefoy. "La Belle Dorothée ou Poésie et Peinture" est la version révisée d'un texte écrit et publié antérieurement en anglais, à l'occasion du recueil d'études en hommage à Claude Pichois, paru en 2001 aux presses de l'univ-ersité Vanderbilt. Dans un premier temps, Bonnefoy s'attache à l'admiration éprouvée par Baudelaire à l'égard du peintre Eugène Boudin, admiration due, en partie, à cette qualité qu'a le peintre normand de nous livrer la beauté par le biais d'une intensité de la couleur, tout en sachant pertinemment que, pour que cette beauté devienne poésie, c'est-à-dire ait un sens, il faudra aller au-delà de la simple perception. Citons Bonnefoy : "Jamais Baudelaire ne se satisfait de rien que la couleur ou l'odeur, non qu'il les trouve, Dieu sait, peu attrayantes, mais parce que l'obsession du fait humain comme réalité transcendante est chez lui trop forte" (14). Ces remarques servent de préambule à Bonnefoy avant d'aborder La Belle Dorothée, l'une des pièces du Spleen de Paris, "poème-peinture" (18) qu'il considère plus complexe qu'il n'y paraît. Il va même jusqu'à se risquer à y lire une allégorie de la peinture proposée par Baudelaire, tout en étayant son hypothèse en prenant des arguments dans d'autres poèmes baudelairiens. Et comme souvent, son hypothèse, osée au départ, finit par nous convaincre.

La contribution suivante est de Jean-François Campario et s'attache à "cerner l'ambiguïté du déchiffrement baudelairien" (26) concernant la peinture de Boudin. L'auteur souligne que l'intérêt baudelairien pour l'œuvre de Boudin a dû se trouver aiguisé du fait des circonstances : le peintre est natif de Honfleur, et Baudelaire rendant visite à sa mère, qui réside alors à Honfleur, aura l'occasion de rencontrer Boudin et de voir d'autres exemples de son travail. Campario remarque que l'observation de ces études donne lieu à un autre acte de création quand le poète décide d'"écrire le tableau" (48), et c'est là un signe probant, selon l'auteur, que Baudelaire, de manière ambiguë certes, et sans doute sans vouloir se l'avouer, mais de fait, place Boudin aussi haut que Delacroix, par exemple.

Ross Chambers, dans une contribution au titre évocateur, "Qui perd gagne ou comment je n'ai écrit aucun de mes livres sur Baudelaire," nous livre, avec cette analyse de la relation triangulaire - poète, critique, lecteur - un morceau de bravoure. [End Page 402] Il s'interroge donc sur ce qui l'a conduit à ne pas publier de livre sur Baudelaire alors que l'œuvre de ce dernier le fascine. Finalement, ce qui caractérise l'œuvre baudelairienne, c'est son incapacité à être systématisée d'un point de vue critique. Evidemment, il ne faut jamais perdre de vue que Baudelaire était lui-même critique. R. Chambers va même plus loin : "... cette incapacit&eacute...

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