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Reviewed by:
  • The Carolingian World by Marios Costambeys, Matthew Innes, and Simon MacLean
  • Geneviève Bührer-Thierry
Marios Costambeys, Matthew Innes et Simon MacLean
The Carolingian World
Cambridge, Cambridge University Press, 2011, XIX-505 p.

Voici un ouvrage qui se présente délibérément comme une synthèse, rédigée par des enseignants de trois universités britanniques à l’usage de leurs étudiants : il s’agit donc de rendre plus facilement accessible le grand renouvellement de la recherche qui porte sur l’époque carolingienne depuis un quart de siècle, renouvellement auquel les auteurs associent les noms de Jinty Nelson et Rosamond McKitterick1. Les auteurs prennent cependant en considération non pas la seule bibliographie en langue anglaise mais bien l’ensemble des travaux portés par des réseaux de chercheurs européens. La recherche sur le haut Moyen Âge est en effet un des lieux où la dimension européenne a été systématiquement prise en compte depuis les années 1980 et on sait gré à cette synthèse de restituer l’ensemble de ces travaux, à la fois dans les notes et dans l’abondante bibliographie qui l’accompagne.

Un des objectifs de ce livre est de mieux faire comprendre les particularités du monde carolingien qui nous est irréductiblement étranger, avec une aristocratie à la fois pieuse et violente, un système de gouvernement qui ne fait guère de place à l’« État », des paysans légalement libres mais soumis à de nombreuses obligations aliénantes envers les grands propriétaires, un effort immense pour faire progresser la foi chrétienne face à de multiples pratiques religieuses. Or ces particu-larités sont toutes liées les unes aux autres et l’un des buts de ce livre est de montrer l’imbrication des plans: le développement des structures sociales, la société rurale et ses élites, les forces économiques, les croyances religieuses et les aspects culturels, tout cela était inextricablement mêlé aux événements politiques, et chacun des éléments était également uni aux autres par des relations complexes et multilatérales.

C’est la raison pour laquelle les auteurs n’ont pas choisi un plan purement chronologique : les événements politiques sont exposés en trois chapitres qui traitent de la création de la royauté carolingienne jusqu’en 800 (chap. I), de l’Empire franc de 800 à 840 (chap. IV), enfin des événements postérieurs à 840 jusqu’à la dissolution de l’Empire de Charles III le Gros en 888 (chap. VIII). Les chapitres thématiques sont donc imbriqués dans la chronologie en commençant par « Foi et culture » (chap. III), puis « Villages et société rurale » (chap. V), « Société des élites » (chap. VI) et, enfin, « Échanges et commerce » (chap. VII). Les chapitres sont agrémentés de dix-neuf cartes fort utiles et de dix-sept illustrations insérées dans le texte, le tout étant complété par un index non seulement des noms propres, mais aussi de certaines notions. [End Page 193]

Les chapitres thématiques sont tous d’une grande richesse et donnent une image claire, sans être simplificatrice, de ce que pouvait représenter le monde carolingien : un Empire qui n’est pas comparable aux empires coloniaux du XIXe siècle qui reposaient sur une différentiation radicale entre ce qui relevait du centre – la métropole – et ce qui relevait de la périphérie, soumise sur le plan politique mais aussi économique ; un Empire qui n’était pas non plus construit sur le modèle de l’Empire romain polarisé par la ville de Rome. L’Empire carolingien était plutôt une agglomération de régions possédant chacune une identité propre et un degré d’autonomie plus ou moins grand. En réalité, ce livre tente de montrer qu’il n’existait pas un mais plusieurs mondes carolingiens, avec un renversement perceptible à la fin du IXe siècle quand ce ne sont plus les rois appuyés sur le cœur du monde franc qui cherchent à contrôler les périphéries, mais les forces périphériques qui se lancent à la conquête du centre...

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