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  • La cité et l’empereur. Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins by Antony Hostein
  • Gabrielle Frija
Antony Hostein
La cité et l’empereur. Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins
Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, 543 p.

À partir de sources connues depuis longtemps mais jamais véritablement étudiées pour ellesmêmes, Antony Hostein livre un ouvrage passionnant sur la vie de la cité des Éduens et ses rapports avec le pouvoir impérial à l’époque de la Tétrarchie et de Constantin. L’auteur se situe résolument du côté de ceux qui, sans nier les difficultés de l’Empire dans la seconde moitié du IIIe siècle, particulièrement en Gaule, en relativisent la portée dans la vie des cités. Dans la tradition des travaux de Claude Lepelley et de François Jacques, il défend de façon convaincante la thèse d’un dynamisme des cités même après la crise du IIIe siècle. A. Hostein ne néglige pas pour autant les ruptures et souligne notamment le développement de l’interventionnisme impérial dans les finances et la fiscalité des cités, mais il met surtout en lumière le maintien, jusqu’au IVe siècle, de pratiques institutionnelles, de titres et de modes de gouvernement issus du Haut-Empire.

L’auteur a extrait du corpus des Panégyriques latins deux discours prononcés par des notables éduens : le premier en 298 par le rhéteur Eumène, professeur et directeur des écoles d’Autun, devant un gouverneur provincial en tournée d’inspection dans la capitale de la cité des Éduens ; le second par un orateur anonyme devant Constantin à Trèves le 25 juillet 311. C’est en isolant ces deux textes et quelques extraits d’autres Panégyriques (également prononcés par des orateurs éduens) qu’A. Hostein parvient à en décrypter le sens et à en restituer l’importance historique. En effet, le corpus des Panégyriques, agencé à la fin du IVe siècle, a été longtemps négligé par les historiens qui, jusqu’au milieu du XXe siècle, considéraient avec un certain mépris l’Antiquité tardive d’une part, la rhétorique d’autre part. Depuis la première édition critique française, publiée par Édouard Galletier à partir de 1949, l’intérêt pour ces textes et cette période n’a cessé de progresser, mais les discours ont rarement été commentés en détail. L’analyse précise du contexte d’élocution permet à A. Hostein de distinguer les « discours éduens » du reste du corpus et de soutenir qu’il ne s’agit pas de panégyriques au sens propre, mais de discours d’ambassade.

Prononcés par des légats de cités, devant l’empereur ou le gouverneur, pour demander une faveur ou en guise de remerciement, ces discours apparaissent à l’époque julioclaudienne comme un aspect de la « diplomatie intérieure » de l’Empire – notion que l’auteur définit comme « une forme de communication hybride superposant et combinant des situations et des discours caractéristiques des rapports diplomatiques bilatéraux entre deux peuples avec des modes de relations administratives entre gouvernants et gouvernés » (p. 132). Les discours éduens sont ainsi les héritiers d’une tradition oratoire grecque, formalisée par Ménandre, puis transférée en Occident par des familles comme celle d’Eumène, dont le grand-père est un Athénien installé à Autun. Les rhéteurs occidentaux utilisent des modèles littéraires latins tout en reprenant des topoi d’origine grecque. Les discours éduens apparaissent ainsi comme de brillants produits de ce que Laurent Pernot a qualifié de « troisième sophistique » et fournissent un bon exemple d’un processus de transfert culturel. [End Page 191]

L’analyse institutionnelle et juridique des discours se révèle extrêmement riche. L’auteur, qui décode la rhétorique sans verser dans l’hypercriticisme, livre une description passionnante d’un moment dans la vie d’une cité particulièrement...

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